Claude Donnay La dame de la Combe, M.E.O., 2025, Roman, 2025, 132 pages,16€, ISBN: 978-2-8070-0519-8
Claude Donnay est une figure familière et appréciée du monde des lettres francophones. Poète avant toutes choses – et on verra combien la poésie, la formulation poétique, est omniprésente dans l’ensemble de son œuvre – il a fondé et anime la revue Bleu d’encre, dont le bel intitulé est aussi celui de sa maison d’édition. Son dernier recueil poétique, En apnée sous ma banquise (Éditions ABRAPALABRA) – que nous évoquerons bientôt ici -, témoigne du regard poétique dont l’écrivain éclaire le réel, débusquant dans le quotidien les lames de lumière qu’il transforme en miroir. On lui doit cinq romans déjà, tous publiés chez MEO. Un été immobile a été lauréat du prix Mon’s Livre, tandis que La route des cendres est finaliste du Prix Saga Café en 2017.

Roman de rédemption, de réconciliation, de pardon ? On essaie d’identifier ce qui pourrait rendre compte du récit qui sous-tend l’écriture poétique de ce conte que l’on pourrait apparenter au « nature writing » dont la littérature américaine est le réceptacle le plus dynamique dans la lignée du Walden de Thoreau. La poésie est omniprésente : dans la description de la relation entre Tom et sa mère, « Le Fils » et « La mère », comme l’écrivain les désigne, ces êtres auxquels manquent les mots de la tendresse maternelle et filiale. Il faut s’armer de poésie pour conter l’agonie sépulcrale et solitaire de « La mère », solitaire malgré la présence muette du fils Tom, convoqué à ces funèbres derniers instants dans la cabane qui sent la fleur séchée et l’écorce, et la poussière des plantes accrochées au plafond. Une cabane de sorcière.
Il n’est pas utile de faire le récit du récit, dont on trouvera l’argument ci-dessous. Au fil de la narration il se transforme en pure et lumineuse évocation de l’événement (la mort de la mère) et de ce qu’a été ce destin qui a éloigné irrémédiablement le Fils de La mère. Il n’y a que l’effleurement progressif qui permette de dire le silence de La mère, l’abandon de l’enfant, la colère de celui-ci. Petit à petit, la succession des événements déroule son noir cortège médisant, le rejet par le village de La mère sans mari, la fermeture inéluctable de l’école de village, l’exil de La mère au cœur de la combe…
Aux derniers instants de La mère, les souvenirs muets surgissent. Qui du Fils et de La mère parlera le premier ? Qui osera, voudra, pourra renouer avec la parole, avec les mots aussi simple que celui si longtemps refusé à l’enfant: « maman » ?
C’est peut-être l’enjeu de ce conte, comme il est celui de la poésie et de la littérature : les failles, les plus profondes, ne se cicatrisent pas sans que survienne ce qui pourra les formuler, leur donner parole comme on donne la vie.
Jean Jauniaux, le 19 septembre 2025
Sur le site des Editions MEO
Une mère mourante dans sa cabane perdue au fond des bois, mi-guérisseuse mi-sorcière ; de quels pesants secrets est-elle porteuse ? Ce fils venu la veiller pourra-t-il entendre sa confession ? Lui, le mal-aimé, le rejeté, comprendra-t-il enfin d’où vient cette glace dans le cœur de sa mère ?Depuis cette nuit bleue de la Saint-Jean où s’est commis l’innommable, une sombre malédiction a frappé le village. Les années ont passé, mais les braises couvent toujours sous la cendre et les pins noirs tremblent sous le poids de l’omerta.La dame de la combe pourra-t-elle enfin trouver le repos ?