La Fondation Roger Dewint ( organise une grande exposition rétrospective de l’œuvre de l’artiste du 10 septembre au 18 octobre. L’exposition se tiendra à la Galerie Plateforme, rue du Chemin de fer 21 à Wavre, du 10 septembre au 11 octobre. Elle sera ouverte les mercredi et vendredi (de 15 à 18h) et les samedi (de 12 à 16h). Le samedi 20 septembre à 1630 Jean-Jacques Péché y présentera son film « La trahison de la main ».

L’occasion sera donnée au public de découvrir la diversité des travaux de l’artiste : les gravures, le mail-art, les livres d’artiste, la céramique…
Le mail art

Pour celles et ceux qui ont le privilège d’avoir connu le graveur Roger Dewint, un bonheur singulier a toujours été celui de recevoir, déposé par le service de la poste, un courrier de l’artiste adressé sous enveloppe affranchie et illustrée. Au fil des années, au gré de la fantaisie, des humeurs de l’amitié, des événements du monde, Roger Dewint ornait ces enveloppes oblongues d’une illustration à la gouache et encre de Chine.
S’inscrivant dans l’école artistique du « mail art », Roger Dewint a évoqué dans ces centaines d’enveloppes illustrées, toutes originales, ce que lui inspirait l’air du temps, la perception inquiète d’un monde disloqué, mais aussi la personnalité ou le métier de son destinataire. Parfois la disposition du timbre-poste ou ce qui y figurait, déclenchait l’imaginaire.

Toujours présente, l’ironie cruelle lui permet de ne pas être aveuglé par ce qu’il avait à cœur de dénoncer ou de mettre en évidence : la violence du monde, le désastre permanent, les tourments de l’absurdité L’humour et l’espièglerie des enveloppes reflètent l’attention inquiète de l’artiste, scrutant le monde à travers ses lunettes rondes cerclées d’écaille verte. Elle dit aussi la confiance de l’illustrateur dans l’acheminement de ces messages provocateurs jusqu’à leur destinataire. Sur le site de la Fondation Roger Dewint, il a fallu pas moins de quinze catégories pour que puissent trouver place l’ensemble des enveloppes ! Depuis les « Jeux avec les timbres » jusqu’à « L’enfer », se découvre un gisement inépuisable de fantaisie débridée, de cruauté lucide, d’engagement humaniste.
La gravure

La gravure est sans doute l’expression artistique fondatrice de l’œuvre de Roger Dewint. Maîtrisant chacune des étapes du processus de la gravure à l’eau forte, l’artiste semble, lorsqu’il l’évoque, y avoir réuni dans une harmonie parfaite et stimulante, les gestes et techniques de l’œuvre, depuis le dessin intial jusqu’à l’impression. Il y a une sorte de gourmandise à l’entendre ou à le lire décrire le processus créatif tel qu’on en découvre les étapes sur le site de la Fondation. Son ami le poète Philippe Roberts-Jones, est sans doute un de ceux qui a le mieux rendu compte de l’accomplissement de cette vocation : « Le graveur est un homme qui croit dans la durée, le fruit d’intimes confidences où la main se prolonge par une antenne vive. L’écriture est ourlée sur la mer de métal, en sillage, en plongée, en ses ponctuations où la couleur module; l’aile d’un oiseau même y laissera sa trace lorsque d’encre sucré, un creuset se révèle au creuset du papier. »
La céramique et les livres d’artiste complèteront la rétrospective de l’œuvre d’un créateur à la fois original et inspiré, dont l’inquiétude tourmentée face à un monde chaotique est d’une incontestable actualité. Une exposition comme celle-ci fera date car elle permet de mettre en valeur la cohérence de l’œuvre et la permanence d’une conscience face au monde qu’elle exprime.
Malgré les tourments et le chaos, l’artiste reste en éveil.
Jean Jauniaux
Nous avions eu l’occasion d’interviewer à différentes reprises Roger Dewint à l’occasion d’expositions ou de la parution de livres d’art. Ces entretiens sont toujours accessibles à l’écoute sur le site www.espace-livres.be . En voici deux exemples: A propos du « mail-art » et à propos du livre d’artiste « Tout est brume », un entretien enregistré avec Roger Dewint et Philippe Jones