Le conservateur du Musée Verhaeren, Rik Hemmerijckx (évoqué ici dans un article du Carnet et les Instants) avait toutes les raisons d’être heureux de la séance au cours de laquelle s’ouvrit le vernissage de la nouvelle exposition consacrée au poète.
Il y a mille manières de mettre en évidence l’universalité d’un poète de l’envergure de Verhaeren. Une des plus lumineuses est d’évoquer le rayonnement de son œuvre à travers les traductions qu’elle suscita. Verhaeren a été traduit et publié dans plus de vingt langues dont le public a pu entendre des fragments lors de la cérémonie d’ouverture ce matin: l’ukrainien, le russe, l’espagnol, le néerlandais bien sûr ajoutaient leur musique à la poésie de celui dont le monument fait face à l’Escaut, ici à Sint Amands. L’émotion est palpable et on se prend à se souvenir de l’un ou l’autre poème, comme celui-ci, Le voyage:
La mer est belle et claire et pleine de voyages.
A quoi bon s’attarder près des phares du soir
Et regarder le jeu tournant de leurs miroirs
Réverbérer au loin des lumières trop sages ?
La mer est belle et claire et pleine de voyages
Et les flammes des horizons, comme des dents,
Mordent le désir fou, dans chaque coeur ardent :
L’inconnu est seul roi des volontés sauvages.
Aux archives proposées (manuscrits, éditions, dessins, photographies ) dans une exposition remarquablement mise en scène, s’ajoutent, accrochés aux cimaises du Musée, des portraits de Verhaeren. Son visage si emblématique continue d’inspirer aujourd’hui encore les artistes comme Anna Apollonia, Koen Broucke, Kasper-Jan Conrad, Patrick Conrad, Wim Degrieck, Jan De Zutter, Alain Godefroid, Frank Jacques, Hans Lengeler, Jean Ranson, Katrien Scheir, Jilmen Talboom, François Van den Bogaert, Willy Van Eeckhout, Kris Vanhemelrijck et Jan Vanriet.
Ils tentent de donner à voir ou à ressentir, l’âme inquiète, empathique et lyrique de celui dont la mort accidentelle bouleversa le monde des lettres. Souvenons nous des poignants éloges funèbres de ses amis Stefan Zweig et Louis Piérard.
Jean Jauniaux, Saint-Amand, le 23 octobre 2023
Sur le site du Musée Emile Verhaeren, à la page de l’exposition
De son vivant déjà, le poète Émile Verhaeren jouissait d’une renommée européenne. Grâce au français – la langue de culture européenne de l’époque – il a pu atteindre un public international. Toutefois les traductions ont également joué un rôle important dans la diffusion de sa poésie. Dès 1895, Verhaeren a été traduit en anglais, puis également en allemand, en russe, en polonais, en bulgare, en tchèque, en italien, en danois, en roumain, en grec, en espagnol, en japonais, en chinois… Aujourd’hui, son œuvre a été traduite en 28 langues, et certains de ses traducteurs n’étaient pas les moins connus : Stefan Zweig, Valeri Brjoesov, Osman Edwards, Geo Milev,… Pour le monde néerlandophone, il faut citer les noms de Martien Beversluis, Stefaan van den Bremt, Koen Stassijns, Patrick Lateur, Frans Boenders, Benno Barnard, Christina Guirlande et Julien De Mey. Cette exposition présente les nombreux recueils de Verhaeren publiés en traduction. Il y a des merveilles à découvrir. Emile Verhaeren continue à inspirer les artistes. Nous présentons une série de portraits de Verhaeren ou des oeuvres inspirées par sa poésie, créées par Anna Apollonia, Koen Broucke, Kasper-Jan Conrad, Patrick Conrad, Wim Degrieck, Jan De Zutter, Alain Godefroid, Frank Jacques, Hans Lengeler, Jean Ranson, Katrien Scheir, Jilmen Talboom, François Van den Bogaert, Willy Van Eeckhout, Kris Vanhemelrijck et Jan Vanriet.