Sous l’enseigne de l’éditeur AD SOLEM, Colette Nys- Mazure nous livre dans son dernier recueil de textes poétiques, en vers, en prose, en toutes libertés, neuf assemblages célébrant l’écriture et dévoilant, au gré des moments du quotidien évoqués, ces sources emphatiques de son inspiration jamais prise en défaut. Le recueil est à paraître à la mi-juillet de cette année sous le titre À main levée.
Que ce soit le voisinage le plus proche (la boulangerie au bout de la rue), l’attente d’un train (on sait combien la poète tournaisienne voyage, dans l’espace autant que dans la rêverie, grâce au rail), l’actualité du monde et ses exils de violence (un horizon de menaces/d’espoir), l’âge qui vient inexorable (Le temps s’éternise/goutte à goutte), et donne à chaque instant le désir/d’avaler des lampées de lumière/l’envie d’apostropher le vent), chaque instant semble, sous la main levée de Nys-Mazure, une jubilation, une allégresse, dont elle a cet art si singulier d’en faire offrande à chaque ligne. Mais, qu’on ne s’y trompe, surgissent aussi au gré des Nocturnes, ces frayeurs nées de l’enfance (L’enfant que tu demeures/implore une lueur trouant les ténèbres/le coeur au galop retrouverait le pas), qui n’ont cessé de hanter la grande dame des lettres et, sans doute, comme d’une incessante résilience, de nourrir son oeuvre, écrite à l’encre du coeur toujours orphelin (Les loups de l’enfance/ n’ont cessé de hurler (…).
Et puis, on ne saurait passer sous silence ce qui fait de l’œuvre de Nys-Mazure une vie en poésie, la sienne et celle des auteurs qu’elle ne cesse de convoquer auprès d’elle, dans les amitiés ferventes et fidèles, en épigraphe à l’entame des recueils, en hommage au fronton des pages, en reconnaissance à la porte des chapitres. Il n’est pas un livre de la poète qui ne soit aussi une fenêtre ouverte vers la lumière des textes qui ne cessent de réchauffer l’étreinte qu’ainsi elle leur adresse, qu’ils soient amis proches ou souvenirs lointains, figures d’anthologie ou anonymes. À main levée ne fait pas exception à cette fidélité et reconnaissance chez celle pour qui, malgré l’oeuvre accomplie au fil des décennies, écrire reste un brasier intime à traverser Sans dépit, sans détour ni retour.
Jean Jauniaux, le 23 juin 2022.
À main levée, Colette Nys-Mazure, Ad Solem Editions, 107 p., 17€, juillet 2022
Poétesse reconnue depuis de nombreuses années, Colette Nys-Mazure vit en Belgique et fait partie des jurys littéraires, tel le prix de Ecritures & Spiritualités. Elle est amenée à rencontrer les plus grands poètes contemporains, comme François Cheng, membre de l’Académie française ; auteur d’Enfin le Royaume, chez Gallimard.Elle livre dans ce nouveau recueil le geste poétique par excellence : celui qui permet d’entrevoir, à travers les choses de la vie, comment le poète parvient à saisir l’ineffable et à en donner la quintessence dans son écriture. Question d’équilibre de l’inspiration entre la page blanche et le trop-plein qui ne permet plus à la parole profonde de faire surface. Ainsi parlent les mots :
Il leur vient d’étranges paroles/ ancrées dans l’humus/ ils redoutent l’assèchement/ autant que l’excès