La galerie Albert Dumont accueille jusqu’au 29 mai 2022 les oeuvres récentes de Natacha Arena et Charles Le Maire.
L’occasion était idéale pour visiter l’exposition des œuvres réunies à la Galerie Albert Dumont : les deux artistes y étaient présents en ce samedi ensoleillé qui ivitait à la promenade dans la quartier Dansaert à Bruxelles.
Natacha Arena a quitté la Belgique (où elle avait commencé des études en histoire des Arts et Beaux-Arts à Bruxelles) en 2002. Installée à Singapour, elle y achève sa formation au Lasalle College of arts. Depuis 2010, elle vit à Brisbane avec son mari, le cinéaste Herman Van Eycken (dont on se souviendra du très émouvant long métrage L’amour en suspens).
Cette exposition bruxelloise lui a donné l’occasion de revenir en Belgique et de nous donner à voir ses dernières productions. « Après plusieurs années durant lesquelles je me confrontais aux grands, voire très grands formats, je me suis orientée vers des formats plus petits pour cette exposition. » nous déclare-t-elle en nous accueillant à l’entrée de la galerie bruxelloise. Les aquarelles et fusains sur papier, aussi bien que les huiles sur toile, malgré l’échelle de moindre envergure, impressionnent le regard par leur mouvement, leur lumière et leur profondeur. L’abstraction stimule l’imaginaire et l’on se prend, devant tel mouvement de l’œuvre, telle confrontation des couleurs, tel éparpillement d’ombre et lumière, à rêver au spectacle mental ou réel qui inspira le geste de l’artiste. La palette de celle-ci semble pouvoir se décliner à l’infini dans ce qu’elle propose à la rêverie. Le souffle du vent sur des épis de blé jeune, un bouquet flamboyant de rouges, des masses ouateuses et colorées de nuages…Au premier passage devant les cimaises, voilà ce que semblent nous montrer les premières œuvres. Mais, en y revenant, n’est-ce pas à la représentation lyrique de la lumière et du mouvement que nous invite l’abstraction ? N’y a-t-il pas là la métaphore de l’isolement dans lequel l’Australie a été confinée pendant les mois de Covid et de l’aspiration à s’en évader ?
C’est cela aussi la force de la peinture de Natacha Arena : la puissance du geste et du regard tournée vers les horizons où ils se déploient en toute ferveur.
Albert Dumont, dont la programmation dans les choix d’artistes exposés est axée sur la diversité, souligne que celle-ci « travaillera, au-delà des apparences, à rencontrer le pictural pour ce qui nous est essentiel, à savoir les forces qui induisent son activité : émergence, tension, amplification de l’espace révélé par la lumière. ». Il manifeste celle-ci en confrontant aux mouvements et vibrations des œuvres d’Arena, celles de Charles Le Maire. Ce dernier explore l’affrontement des géométries. Triangles, cercles, carrés, rectangles, inventent dans l’espace carré qui leur est assigné, des équilibres fragiles. L’assemblage des ces formes colorées se déploie sous des poussées invisibles, puissantes et pleines ou allègres et légères.
Arena et Le Maire ainsi mis en présence dans une proximité inspirée, donnent à Albert Dumont un stimulant cheminement au visiteur invité ici à franchir sans plus attendre le seuil de sa galerie.
Jean Jauniaux, le 11 mai 2022.
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