« La race des orphelins » d’Oscar Lalo, lauréat du Prix du deuxième roman…

Nous avions évoqué déjà ce roman et interviewé son auteur, Oscar Lalo. Il est aujourd’hui lauréat d’un nouveau prix littéraire, (qui n’est pas sans faire penser au « Prix Horizon » créé en 2012 et présidé par Armel Job – auquel cette année est associé Pen Club Belgique- ): le Prix littéraire du deuxième roman de « Lecture en tête » . En 2021, le jury était présidé par Sorj Chalandon.

Décidément, Oscar Lalo s’inscrit dans cette catégorie rare d’écrivains qui réunissent à la fois les suffrages du public et de la critique. Les deux romans d’Oscar Lalo justifient pleinement cet engouement. Nous avions eu l’occasion déjà de dire combien ces romans méritaient que l’on s’y intéresse. En 2017, à propos du premier roman de Lalo, « Contes défaits », nous écrivions notamment:  » (…) Certains romans vous empoignent littéralement dès les premières lignes et ne vous lâchent qu’au terme d’une lecture tout au long de laquelle vous avez conscience de ne pas sortir indemne. « Les contes défaits » , premier roman d’Oscar Lalo, est de ceux-là. Le narrateur adulte essaie de reconstituer au fil des chapitres courts d’un journal saccadé comme par des sanglots, la violence dont , enfant, il fut la victime : le train qui chaque été emmenait un convoi d’enfants livrés au home dans lequel ils étaient livrés aux sévices sexuels du couple de Thénardiers qui le dirigeaient. Aucune des tortures infligées n’est décrite. L’écrivain n’a pas besoin de ces mots là pour que nous frémissions de douleur partagée et de compassion pour l’enfant : « Quand (il) avait les yeux dans le vide, c’est que l’homme est passé par là. »Oscar Lalo est implacable pour les parents qui ne devinaient rien, pour le directeur et sa femme régnant sur un univers sans loi, pour les masques souriants et convenus derrière lesquels la douleur des victimes et la duplicité des bourreaux trouvaient refuge. Le roman de Lalo interroge, à travers l’ »enquête sur un crime sans preuve, sans indices ni symptômes » à laquelle se livre le narrateur, la justice, la mémoire, l’enfance, la résilience. Tous ces mots, grâce à la fiction, à l’écriture maîtrisée du romancier, à la distance paradoxale qu’il met entre le lecteur et les sévices subis, prennent leur vrai sens.(…) » (Jean Jauniaux, février 2017)

Le livre vient de sortir en version « poche » .

A propos de « La race des orphelins », nous écrivions pour évoquer ce roman dont l' »histoire » évoque les sinistres Lebensborn: « (…) Mais nous savons que lorsque le roman, la littérature, s’en empare, elle en exprime le vécu individuel dans toutes ses dimensions sensibles. C’est à ce travail que s’est consacré le romancier Oscar Lalo dans ce roman, à travers le témoignage de Hildegard Müller, son personnage, il nous fait ressentir la tragédie individuelle de chacun des enfants conçus dans une stratégie démoniaque de créer une race « pure ». Ici, la folie est poussée à son paroxysme, et le roman nous plonge dans une apnée bouleversante au coeur de la folie dont le roman nous permet d’entrevoir l’envergure vertigineuse. Le livre aborde aussi aux rivages de l’indicible, de l’informulable.(…)

. L’article complet et l’interview sont bien sûr toujours accessibles sur le site de « L’ivresse des livres »

Les deux romans paraissent aux Editions Belfond.

Jean Jauniaux, le 20 février 2021.