En 2008, les Editions Fayard publiaient un livre d’entretiens de Claude Baignières et Sylvie Perez avec Claude Lelouch évoquant quelques étapes de sa carrière. Dans l’interview qu’il m’avait accordée à l’époque et que je n’avais pas mis en ligne, je redécouvre ce que nous avions évoqué: son école de cinéma en Normandie, une « masterclass » d’écriture de scénario, son « dernier » projet, sa passion pour la peinture impressionniste, etc. Une interview d’un artiste attachant qui est aussi un grand cinéaste, un vrai raconteur d’histoires. Il nous dit une des raisons pour lesquelles « tous (ses) détracteurs ont eu tort de cracher sur <ses> films »…et nous donne l’envie d’aller revoir dans sa filmographie l’un ou l’autre de la cinquantaine de films qui la composent.
Jean Jauniaux, le 27 décembre 2023
L’entretien est disponible sur la chaîne soundcloud de « L’ivresse des livres »:
Claude Lelouch a plus de 70 ans (2008) et l’énergie d’un jeune homme. Son existence est à l’image de ses films : flamboyante, haletante. Sa famille ressemble à une tribu avec ses ex-femmes, toutes comédiennes, et ses sept enfants qui portent tous les initiales de leur grand-père (S. L. pour Simon Lelouch). Outre son prochain film, Ces amours-là, que, comme de coutume, il écrit, réalise et produit, le patron des Films 13 fait fructifier son catalogue : ses propres films et ceux des autres (Brel, Mnouchkine, Werber, etc.), et s’apprête à fonder une école de cinéma à Beaune !
Tout commence avec Un homme et une femme, récompensé par la Palme d’or du Festival de Cannes 1966 et par l’Oscar du meilleur film étranger. Le film connaît un succès planétaire comme il y en eut peu dans le siècle. Sur cette renommée internationale vont germer 41 films. Montand, Belmondo, Girardot, Ventura, Dussollier, Deneuve, Luchini… Claude Lelouch parle de tous. Il se veut le promoteur d’un cinéma populaire. La Nouvelle Vague ? A ses yeux, un mouvement opportuniste qui a permis à la génération montante de prendre la place des anciens ; en aucun cas une révolution artistique…
Le cinéaste fait la lumière sur certaines légendes associées à son nom. Au fil des pages émerge un personnage singulier, entier, viscéralement indépendant, qui mobilise autant de fidèles détracteurs que d’admirateurs inconditionnels.
Claude Baignères a collaboré aux pages culturelles du Figaro de 1947 à 2005. Avec Anna Tognetti, il a adapté pour le théâtre français, notamment, Une chatte sur un toit brûlant de Tennessee Williams et Love Letters d’Albert Ramsdell Gurney. Il est décédé durant l’été 2008.
Sylvie Perez a été journaliste à L’Express, productrice et animatrice d’émissions sur France Inter puis Europe 1. Elle est l’auteur de Un couple infernal, l’écrivain et son éditeur (Bartillat, 2006). Avec Claude Baignères, elle a publié Le Fil d’or, conversations avec Georges Wilson (Fayard, 2007).