Qui sait, me souffle mon complice Edmond Morrel, peut-être un éditeur aura à coeur de s’intéresser à ces fragments? Après « Absynthe », le mot « Attentat » s’ajoute à « L’abécédaire de Maleville » et donne lieu ici à un fragment d’un roman qui se serait appelé Pages de garde. Jean Jauniaux, le 16 décembre 2022
« Il s’en était fallu de peu. Hurlantes sirènes, bousculades, scènes de panique, tout contribuait à l’intranquillité. Eymeric se tenait au bord de la rue, abrité du soleil par l’auvent d’une terrasse donnant sur la Place du jeu de Paume. Jonchant le sol, les corps immobiles tendaient vers le ciel des mains implorantes. Le chauffeur du camion d’où, après l’accident, étaient tombés ces jeunes femmes et jeunes hommes sveltes, s’arrachait les cheveux en contemplant le désastre. Il vérifia les mannequins un par un et les aligna côte à côte tout en psalmodiant à chacun sa peine qui semblait une consolation adressée à chacune des victimes. Des badauds, l’œil égrillard, se moquaient de l’homme qui lutinait ses créatures sans vie. »
( Pages de garde , roman, Eymeric Maleville, Editions de l’Idesbald et Rouge Vif, Moscou, 1954)
« Attentat, atteinte grave portée à la loi, est plus particulièrement employé dans une acception politique » ( Dictionnaire de la conversation à l’usage des dames et des jeunes personnes » publié sous la direction de M.W. Duckett avec le concours des principaux collaborateurs à ce grand ouvrage, Paris, 1841, Tome quatrième)