Les Editions Gallmeister ont leur entrée spécifique dans le « Dictionnaire amoureux » que Pierre Lemaître consacre au polar dans la mythique collection publiée chez PLON. Le Prix Goncourt qui s’y connaît en polars pour en avoir écrits, mais aussi pour en avoir lus avec passion par centaines est bien placé pour saluer Olivier Gallmeister qui a fusionné son catalogue et fait disparaître la notion de « polar » et de « roman noir ». Pierre Lemaître embraie sur cette initiative qu’il salue: On aimerait que ce geste inspire à la fois lecteurs, auteurs, critiques, éditeurs, bref, l’ensemble de ceux qui trouveraient plus d’intérêt qu’ils ne pensent à ne plus considérer les romans que …comme des romans.
On ne peut qu’adhérer à cette prise de position d’autant plus lorsque nous lisons les romans parus chez Gallmeister. Ceux-ci nous permettent,- il s’agit de littérature américaine essentiellement -, de nous immerger dans l’histoire et l’actualité des Etats Unis par le biais des actions qui nous disent tant sur le réel.
La traduction, voilà le deuxième maître-mot pour qualifier la maison Gallmeister. Traduction et re-traduction. Il y a dans la démarche de l’éditeur une volonté d’enrichir son catalogue de littérature américaine en consacrant à la qualité littéraire des versions française des romans tous les soins dont, parfois, dans les éditions antérieures, ils n’ont pas été entourés.
Pierre Lemaître souligne combien le processus de retraduire donne un sacré coup de jeune aux romans qui bénéficient du talent de ces traductrices et traducteurs dont le site de Gallmeister décrit le parcours littéraire de chacun sur la page « L’équipe » , comme pour souligner combien ils font la réputation de la maison à laquelle ils appartiennent. On ne pourrait tous les citer, mais souligner ici que leurs traductions sont l’oeuvre d’écrivains à part entière. Il ne s’agit pas de reproduire le sens d’un texte de départ en le traduisant, mais de ré-écrire dans une autre langue un livre que le lecteur doit avoir la sensation de lire dans l’original.
C’est à cette écriture-là que se livrent Marc Amfreville Sophie Aslanides Simon Baril Laura Brignon Laurent Bury Josette Chicheportiche Éric Chédaille Christophe Claro Judith Coppel Richard Crevier Christophe Cuq Anne Damour Laura Derajinski Lætitia Devaux Jean Esch David Fauquemberg Pierre Furlan Jean-Paul Gratias Julien Guérif François Happe Nicole Hibert Simone Hilling Janique Jouin-de Laurens Francis Kerline Denis Lagae-Devoldère Michel Lederer Jacques Mailhos Isabelle Maillet Laure Manceau Gérard Meudal Freddy Michalski Juliane Nivelt Emmanuel Pailler Pierre Bondil et Johanne Le Ray Anatole Pons-Reumaux Jean-Yves Prate Bertrand Péguillan Frank Reichert Elie Robert-Nicoud Gabrielle Rolin Jean Rosenthal Lili Sztajn Gwilym Tonnerre Françoise Torchiana France-Marie Watkins…
Comme Pierre Lemaître, nous nous réjouissons de relire en traductions nouvelles les auteurs qu’ils nous proposent chez Gallmeister un éditeur dont on achète certains romans sans connaître le nom de l’auteur, simplement parce qu’ils sont publiés chez Gallmeister.
Nous ajoutons à cette appréciation idéale que l’on choisit dans le catalogue Gallmeister tel ou tel livre parce qu’il est traduit par telle ou tel, dont le lecteur connaît l’art d’écrire en traduction et de bellement trahir l’original.
Nous avons interviewé l’un de ces truchements, Jacques Mailhos qui vient de traduire Le jeu de la dame de Walter Tevis, (l’auteur du mythique « L’oiseau moqueur » également paru chez Gallmeister) un roman aussi passionnant à lire dans la « version Mailhos » que de visionner dans la version Netflix. Jacques Mailhos évoque son parcours littéraire, son métier de traducteur, la maison Gallmeister et bien d’autres aspects de son métier.
Jean Jauniaux, le 6 avril 2021.
L’interview de Jacques Mailhos est accessible sur youtube:
A propos de traduction littéraire nous avons fait paraître récemment une interview d’Emmanuèle Sandron (« Alice au pays des Merveilles », paru chez Alice Jeunesse) mais également naguère des rencontres ou recensions avec ou à propos de Françoise Wuilmart évoquée par Jacques De Decker dans une de ses chroniques « La marge et la contre marge » (traductions de Zweig dans la collection BOUQUINS), William Cliff (à propos de sa traduction des Sonnets de Shakespeare), Pierre Furlan (traducteur lui aussi chez Gallmeister) évoqué à l’occasion de la parution d’un livre d’entretiens avec Frédérique Dolphijn aux Editions L’esperluète, Maxime Lamiroy (à propos de la collection Kniga dédiée à la littérature russe), ou Jean CANAVAGGIO (traducteur et coordinateur de la dernière édition de « Don Quichotte » dans La Pléiade), et Aline SCHULMAN (traductrice de Don Quichotte en français « moderne », traduction parue en 1997 au Seuil) à propos de leurs versions respectives du roman de Cervantès.
Sur le site des Editions Gallmeister
Notice sur le traducteur Jacques Mailhos
Naissance à Pabu le 19 juin 1968. Après avoir failli naître prématurément entre les pavés de Mai 68, Jacques Mailhos verra tranquillement le jour le 19 juin, cette fois un chouïa en retard à l’appel. Des études littéraires aussi banalement classiques qu’incroyablement brillantes le mèneront jusqu’à l’École « dite Normale et prétendue Supérieure » (Nizan) de Fontenay-Saint-Cloud, section langues (anglais), où il se lancera à tête, corps et surtout heures perdues (mais non sans un certain succès) dans l’alambiquée et abstruse recherche joycienne (maîtrise sur le Moyen Âge dans Finnegans Wake, DEA puis début de thèse sur Joyce et l’art de la mémoire), qu’il abandonnera vers 1998, fauché comme un lapin en plein vol par il ne saura jamais trop quoi, la concurrence de la traduction, peut-être, à laquelle il a commencé à goûter, et l’immersion plus concrète que celle-ci permet dans la pâte de la langue et le cœur des choses. Il pratique d’abord cette activité dans le domaine des sciences humaines (sociologie, histoire de l’art), tourisme (guides de voyages pour les éditions Gallimard), commet (et assume) parallèlement quelques harlequinesques adaptations françaises ludico-alimentaires, puis, après sa rencontre cruciale avec Oliver Gallmeister en 2004, dont il est désormais un des traducteurs attitrés, s’ouvre à la littérature et au « nature writing » américains. Entre 2003 et 2007, il a également publié, chez Py Millot, trois petits recueils de nouvelles de son propre cru : L’Officiel des Spectacles I (Thrillers), L’Officiel II (Love-stories), L’Officiel Des Spectacles III (Science-Fiction).
Jacques Mailhos a reçu en 2012 les deux plus prestigieux prix de traduction en France, le prix Amédée Pichot de la ville d’Arles et le prix Maurice-Edgar-Coindreau pour sa traduction de Désert solitaire d’Edward Abbey.
Notice sur l’écrivain Walter Tevis
Né en Californie en 1928, diplômé de l’Université du Kentucky, il écrit d’abord des nouvelles puis un premier roman, L’Arnaqueur (1959), qui se déroule dans l’univers du billard et que Robert Rossen porte à l’écran. L’Homme tombé du ciel, roman de science-fiction, est ensuite adapté au cinéma avec David Bowie dans le rôle principal. Devenu professeur, il sombre dans l’alcool avant de se reprendre et de déménager à New York, où il écrit d’autres nouvelles et quatre romans, dont La Couleur de l’argent (1984), suite de L’Arnaqueur et adapté par Martin Scorsese. Le Jeu de la Dame a été adapté par Netflix en mini-série de 6 épisodes.