Le roman engagé : la vraie fonction de la fiction
Dans la collection « L’atinoir » Antonio Lozano publie sous le titre « Harraga » son premier roman dans une traduction en français signée Jacques Aubergy. Pour ce roman, Lozano a été salué par le grand écrivain espagnol Montalban. Pas moins. Il a aussi été couronné du prix Novelpol.
Le nom qui donne son titre au livre signifie « ceux qui brûlent ». Il s’agit de ceux qui au Nord du Maroc (mais dans toute l’Afrique…) brûlent leurs papiers d’identité avant d’entreprendre le grand voyage vers les côtes d’Europe. Par la fiction, Lozano restitue leur identité, leur individualité à ceux-là qui survécurent mais aussi à tous ceux qui succombèrent dans les naufrages de leurs coquilles de noix. Car la tragédie n’est pas « globale » : elle déchire chacun, seul, face à son destin.
Le roman nous offre ici un instrument sensible de compréhension et d’empathie : n’est-ce pas là sa fonction première ?
Lozano a publié depuis « Harraga » quatre autres romans, tous engagés. L’impatience nous gagne de pouvoir bientôt les trouver en français pour les partager.
Depuis Montréal, Edmond Morrel. Octobre 2011