Le premier volume de « Révolution française » s’ouvre avec le mot « Pardon », celui qu’adresse Louis XVI sur l’échafaud à ceux qui l’ont jugé et condamné à mort : « Peuple, je meurs innocent ! Je pardonne aux auteurs de ma mort ». Il s’achève par le mot « Terreur » sous la plume de Marat qui évoque le supplice de Louis XVI en ces termes : « Le supplice de Louis, (…) loin de troubler la paix de l’Etat ne servira qu’à l’affermir en contenant par la terreur les ennemis du dedans et du dehors »….
Kant qui était à Konigsberg en 1792 lorsqu’il apprend la proclamation de la république dira « laisse partir ton serviteur Seigneur, car j’ai vécu un jour mémorable »
La période de l’histoire de France racontée (magistralement !) par Max Gallo débute avec le règne du Roi Louis XVI et s’achève avec sa mise à mort sous la lame de la guillotine le 21 janvier 1793
Le livre alterne le portrait individuel, intime presque, de cet homme qui n’avait pas voulu de son destin et celui du « peuple » sur lequel, au nom de Dieu, il était appelé à régner.
Marat le dira « la sottise des rois est de se croire des êtres d’une nature supérieure à celle des autres hommes, ils ont même la folie de prétendre que le ciel les a faits pour commander ». Louis XVI est victime expiatoire de cette foi qu’il avait en sa supériorité accordée par droit divin. Mais c’est un Roi distant que l’on découvre aussi, perdu dans un rêve, endormi, dépassé par son destin.
La scansion d’ensemble du livre est faite de paragraphes courts, qui tiennnent parfois en une seule phrase. Au fil des pages, le récit bat au rythme lancinant des événements qui s’enchaînent et font retentir l’avancée inéluctable du destin.
Comme dans tous ses ouvrages, qu’ils soient romans, essais ou biographies, Max Gallo écrit dans le bonheur et la nécessité de raconter, la volonté de comprendre et aussi la fascination. (Dans cet entretien, il nous parlera de celle que lui a inspirée la figure du Général de Gaulle.)
Bien sûr, lire l’Histoire c’est aussi y contempler comme dans un miroir le reflet de l’actualité contemporaine. Max Gallo répond à ces comparaisons que je lui suggère, entre 1789 et 2009 : l’éloignement entre les sphères de décision et la réalité quotidienne, le désintérêt à l’égard des penseurs, des intellectuels, la foi aveugle et absurde dans l’inertie et la pérennité des choses et, enfin, les limites du libéralisme
Le livre de Max Gallo se lit d’une traite mais il résonne longtemps après qu’on en ait achevé la lecture. Ili ouvre au lecteur ce privilège d’être le témoin de l’Histoire qui ne cessera jamais de nourrir et d’enrichir sa perception et sa compréhension du monde…
Le second volume de « Révolution française » vient de sortir de presse. Il porte le sous-titre : « Aux armes citoyens ! »