Le deuxième volet des souvenirs de « Michou », un émouvant travail de mémoire
Avec son ami Jean-François Kervéan (dont il dit, saluons cette reconnaissance, qu’il est le co-auteur du livre), Michel Drucker, s’adressant à son frère Jean décédé d’une crise d’asthme en 2003, égrène les rencontres et les souvenirs.
Ceux-ci viennent ainsi compléter le premier livre qu’il consacrait à son enfance, « Mais qu’est-ce qu’on va faire de toi ? ».
Il annonce un troisième livre à propos de l’ombre et la lumière dont l’alternance est souvent à payer au prix fort pour les « stars ».
« Rappelle-moi » est un travail de mémoire et de deuil, mais aussi le livre d’un « survivant ». La mort de Jean Drucker, le frère adulé, dans la solitude d’une crise d’asthme inopinée et terriblea sans doute développé le syndrome du survivant, cette angoisse terrible qui hantait déjà leur père Abraham, rescapé des camps.
Bien sûr, on trouve dans ce livre des portraits de quelques personnalités dont Michel Drucker a croisé le chemin au cours d’une carrière d’une longévité exceptionnelle. Dans ce livre, l’auteur a choisi d’évoquer les personnalités qui ont marqué à un titre ou à un autre, le grand frère Jean. Pour les Delon, Hallyday, Ferrat, Giraudeau il a choisi de raconter des moments de fracture. Il trace aussi des portraits très émouvants de Pierre Beregovoy et des trois Simone : Signoret, de Beauvoir et Weil.
Michel Drucker a aussi enregistré, chezAudiolib, une version sonore du livre qu’il a enregistrée, révélant ainsi par la voix l’émotion grave de certains chapitres (le camp de Royallieu à Compiègne), la tendresse enfantine d’autres moments partagés avec Jean (l’anniversaire avec le cadeau rituel des billes) mais aussi la cocasserie déroutante d’épisodes surréalistes (avec Sarkozy, dans son bureau de l’Elysée, en colloque singulier pendant plus d’une heure autour d’un vélo avec Lance Amstrong et Drucker pendant qu’une délégation de sénateurs fait antichambre au lendemain d’une défaite électorale !).
Un livre dont l’aménité sera synonyme de succès, comme le précédent bientôt adapté en téléfilm.
Edmond Morrel