« Tocqueville humoriste » : son humour l’aura aidé à mieux endurer ce que son intelligence lui avait donné de mieux percevoir….
Dramaturge, Hippolyte Wouters avait déjà consacré deux pièces au vicomte de Tocqueville. Dans son dernier ouvrage en date, il promène notre curiosité à travers des textes courts qu’il a glanés dans différents livres de Tocqueville : « Voyage en Angleterre », « Souvenirs », « De la démocratie en Amérique » etc
Wouters nous donne ici un « livre –bibliothèque », un de ces volumes qui ravive notre envie d’aller aux sources, de lire l’un ou l’autre de ces « classiques » dont la modernité nous saute à nouveau aux yeux. Le livre de Wouters est un viatique stimulant pour traverser la morosité des jours de crise.
En conclusion de son livre, à propos de cet « homme du XIXè nous parlant du XXè dans un style du XVIIè », Wouters nous offre peut-être le secret d’une certaine disponibilité à ne pas désespérer : « son humour l’aura aidé à mieux endurer ce que son intelligence lui avait donné de mieux percevoir. »
Avant de vous plonger dans « Tocqueville humoriste » écoutez l’auteur, plus pétillant que jamais !
Edmond Morrel
Cioran disait qu’avec Saint-Simon, Tocqueville était le plus grand portraitiste français. Paradoxalement, il est aujourd’hui plus cité que lu.
L’un des talents de Tocqueville (1805-1859) est de peindre les hommes : leurs vertus, sans doute, mais aussi leurs faiblesses (ce qui est plus drôle) et surtout les efforts qu’ils font pour les cacher (ce qui est plus drôle encore). L’ancien député et penseur de la Révolution et de la démocratie fut un chroniqueur ironique et incisif du monde politique et littéraire de son temps, ce qu’il dévoila surtout dans ses Souvenirs (1848-1850).
Sa grande finesse d’analyse fait merveille, surtout quand il s’attaque aux personnages français les plus célèbres (Louis-Philippe, Napoléon III, Thiers, Rémusat, Lamennais, Wellington, George Sand, Madame Récamier) mais aussi aux Révolutionnaires ou aux Américains.
Comme le disait Tocqueville, l’histoire est une galerie où il y a peu d’originaux et beaucoup de copies.
Hippolyte Wouters, avocat au barreau de Bruxelles, a écrit de nombreuses pièces de théâtre inspirées de la littérature classique ou du Grand Siècle, notamment : Le Destin de Pierre, La Conversation, Lenclos ou la liberté. Son essai, Molière ou l’auteur imaginaire ?, a suscité une vive et féconde polémique (Complexe, 1999).