« L’ange d’Yeu » de Davoz et Bègue

Sur un scénario particulièrement stimulant de Pascal Davoz, Nicolas Bègue donne libre cours à son talent de dessinateur et de coloriste. Chaque vignette de ce roman graphique est hypnotique et entraîne le lecteur dans ce récit, le premier d’une série intitulée « Anges et démons » dans la collection « Cabestan » aux Éditions Paquet. Le personnage central, Ange Clovis est sardinier. A la mort de son père, tué au Chemin des Dames en 1914, il hérite de son bateau, « L’ange d’Yeu » et devient à 16 ans, patron de pêche. Il épouse la plus belle femme de l’île, Agathe Chasseriot. Mais le bonheur s’accompagne des cauchemars qui hantent le sardinier, et le plongent dans les guerres anciennes au cours desquelles l’île a subi les assaut des Romains, des Normands, des Vikings, des pirates et des corsaires. Il y a aussi les guerres dans le monde réel: la deuxième guerre mondiale et aussi les guerres commerciales dans les zones de pêche que des « vapeurs » espagnols commencent à exploiter. Et puis, il y a l’ennemi jaloux de toujours, Gaston qui convoite la belle Agathe autant que la ruine d’Ange Clovis…

Ce sont autant d’épisodes qui donnent à Davoz et Bègue l’occasion de déployer les scènes qui jalonnent ce premier album, dans un rythme soutenu, un fil narratif tendu et des images mises en scène avec le talent combiné d’un peintre marin et d’un raconter d’histoires. N’est-ce pas là le secret des grandes fictions romanesques et historiques?

Edmond Morrel, le 14 juillet 2010