« Elle et lui, sur la toile et sous les draps »

Internet a sonné le glas du marivaudage, en a du moins déplacé les codes. Plus de lentes, patientes, tactiques méthodes d’approche entre les sexes. La proposition se fait avec d’autant moins de vergogne qu’elle s’effectue dans l’anonymat. Lorsque les intéressés sont mis en présence, le contrat est déjà scellé. Et l’on peut, sans trop de façons -ces façons qui, jadis, faisaient tout le sel de la tendre guerre – passer à l’acte.

C’est ce qui se passe entre elle et lui. C’est elle qui a mis le feu aux poudres, si l’on peut dire. Il a décidé d’entrer dans son jeu, s’est présenté au rendez-vous, et après quelques vérifications d’usage, mais réduites au strict minimum, ils se sont retrouvés à l’hôtel, sans pour autant avoir avancé d’un pouce dans la connaissance de l’autre.

Dans toute autre connaissance que physique, du moins , et celle-ci se révèle concluante. Ils vont donc remettre ça, sans se douter qu’un sentiment enraciné dans notre mémoire collective, vieux comme la psychologie individuelle, l’amour pour ne pas le nommer, va se rappeler à leur bon souvenir.

On aura reconnu l’argument, c’est celui du film « Une liaison pornographique », que l’on vit avec Nathalie Baye et Sergi Lopez. Ce que l’on sait moins, c’est que ce film du Belge Frédéric Fonteyne doit tout à son magistral scénariste, Philippe Blasband.

Blasband est un créateur multigenre de nationalité belge, mais d’ascendance des plus bigarrées, avec une bonne dose de sang iranien. Et, de fait, il a l’imagination débordante d’un conteur oriental. Il l’a montré dès son premier roman, « Ce cendre et de fumées », qui lui valut le prix Rossel. Il l’a développé au fil d’autres fictions, pièces de théâtre, scénarios qu’il a parfois portés à l’écran lui-même, comme dans son très réussi « Coquelicots », qui lui valut d’être primé à l’Académie.

Il a remis son scénario d’ « Une liaison pornographique « sur le métier pour en faire une pièce que l’on peut voir actuellement rue Bara à Bruxelles, dans un vaste entrepôt désaffecté qui est en train de devenir l’un des lieux culturels les plus excitants de la capitale, The Egg, un œuf dont sortiront sans doute d’assez étonnants volatiles. Cette « Liaison pornographique » qu’a mise en scène Daniel Hanssens, le maître des lieux, est un oiseau rare de haut vol. Il a dirigé deux acteurs qui sont des virtuoses dans le tracé de ces deux personnages sans nom, vibrant autant l’un que l’autre , passant par toutes les affres du sentiment amoureux. Ce sont deux comédiens d’une réelle maturité et d’une aussi évidente séduction, Georges Lini et Jasmina Douieb. Leur rencontre rejoint ces grands couples légendaires qui se sont installés dans nos mémoires.

Ils pourraient bien, pour les privilégiés qui auront vu ce spectacle, rejoindre le club très sélect des amants magnifiques.

Jacques De Decker

Les « Marges » s’enchaînent sur quelques mesures de l’allegro moderato alla fuga de la Sonate n°2 de Nicolas Bacri interprété par Eliane Reyes. Ce morceau est extrait du récent CD enregistré chez NAXOS des « Oeuvres pour piano de Nicolas Bacri » interprétées par Eliane Reyes

Le disque réunit les oeuvres suivantes :
Prélude et fugue, Op. 91
Sonate n° 2
Suite baroque n°1
Arioso baroccp e fuga monodica a due voci
Deux esquisses lyriques, Op. 13
Petit prélude
L’enfance de l’art, Op 69
Petites variations sur un thème dodécaphonique, Op 69

Référence : NAXOS 8.572530