En ces périodes de confinement, de solitudes imposées qui doivent se prolonger sans que ne s’aperçoive l’étape suivante, celle où la vie pourra reprendre son cours, la littérature sous toutes ses formes est une alliée, une amie, une compagne des jours. Elle permet de s’éloigner de soi, de modifier – pendant ces moments d' »abandon volontaire de l’incrédulité » (qui constituent l’état nécessaire pour entrer en fiction)- le point de vue sur le monde, de relativiser aussi nos destins individuels en les confrontant à d’autres, éloignés dans l’espace, le temps, ou le rêve.
La littérature enfantine n’échappe pas à ce constat. Elle en ouvre peut-être davantage encore les possibles, en alliant au récit de fiction, le rêve, la fantaisie, l’imagerie souriante et poétique des illustrations qui viennent en contrepoint des textes.
En ouvrant cette rubrique dédiée aux livres pour enfants, nous formons le voeu qu’elle permette aux adultes de choisir tel ou tel album, mais surtout qu’elle les sensibilise à la nécessité de proposer aux enfants des « vrais » livres, qui les éloigneront des écrans pendant le temps d’une lecture partagée avec eux. Car c’est de la magie en plus que d’offrir aux enfants le livre et de le partager avec lui, comme un voyage complicité émerveillée.
Lucky Joey, signé de Carl Norac (poète à qui nous avions récemment consacré un article et une interview) et du dessinateur Stéphane Poulin (immense artiste canadien!) appartient à ces livres enchanteurs. Il met en scène Joey, un écureuil, laveur de vitres à New York et tous les protagonistes que son métier acrobatique lui donne l’occasion de croiser au sommet des gratte-ciels: un grizzly, un crocodile…Mais il y a aussi Léna, la petite fiancée de Joey avec qui il se mariera, promesse échangée dès l’enfance des petits écureuils. Les habitants de New York sont dessinés magiquement par Stéphane Poulin qui en fait des pélicans, bouledogue, mouton, chevaux, chats, porcs, rhinocéros …et les place dans ces vertigineuses perspectives urbaines de New-York. Le récit imaginé par Carl Norac allie poésie de la phrase limpide qui se déroule en ligne claire et les situations dans lesquelles l’écrivain dispose les protagonistes de l’histoire, le tout devient une success story dont le secret est une recette de cookies…
Lorsque vous irez faire vos provisions de livres dans les librairies, avant leur fermeture programmée déjà dans certains pays confinés, demandez ce beau livre qui vous transportera, ainsi que vos enfants, dans ce bonheur singulier que seuls les grands livres nous prodiguent à profusion.
Jean Jauniaux, le 30 octobre 2020, deuxième anniversaire de mes petits-enfants jumeaux, Léonie et Célestin
Sur le site des Editions Pastel
Joey l’écureuil vit avec sa famille dans un grand parc à New York. Rapide et agile, il aime son travail malgré les risques. Joey est laveur de vitres ! Du haut des immeubles, Joey rêve de voyages et de mariage avec Léna, son amoureuse. Tous les deux travaillent dur pour que leur rêve devienne réalité. Se laisseront-ils rattraper par les aléas de la vie ou la chance de Lucky Joey finira-t-elle par tourner ?
Né à Mons en Belgique en 1960, Carl Norac écrit des livres pour la jeunesse dont la plupart sont publiés chez Pastel. Certains sont traduits en quinze langues. Les mots doux, illustré par Claude K.Dubois, fut un best-seller aux U.S.A en 1998. Les livres réalisés avec Louis Joos sont basés sur des voyages réels, en Norvège, en Indonésie, au Sénégal et au Québec. Carl Norac est aussi un auteur de théâtre et de poésie pour adultes. Son recueil, Dimanche aux Hespérides, lui vaut une reconnaissance en Belgique et en France. Plusieurs prix littéraires et sa présence dans deux anthologies historiques récompensent cette publication. Grand voyageur, il parcourt le monde de l’Asie à l’Arctique. Carl Norac assure actuellement le cours d’Histoire de la Littérature au Conservatoire Royal de Mons, une école nationale pour les futurs comédiens. Il aime sillonner la France et la Belgique à la rencontre des enfants des écoles maternelles et élémentaires, pour y parler de ses livres et de ses voyages. Il vit à Olivet près d’Orléans. N’oublions pas qu’il est aussi le père d’une petite fée appelée Else. Carl Norac est ouvert au dialogue avec les enfants, les enseignants et ses lecteurs.
Stéphane Poulin est né à Montréal en 1961 et y vit toujours actuellement. Illustrateur prolifique, il a collaboré à plus d’une centaine de livres et remporté de nombreux prix nationaux et internationaux. Il a une prédilection pour la peinture à l’huile. C’est cette technique qu’il a utilisée dans « La vie en bleu », sa première collaboration avec Carl Norac.