« Un amour de Frida Kahlo » de Gérard de Cortanze, à la Comédie Claude Volter.

En 2015, Gérard de Cortanze publiait un roman intitulé « Les amants de Coyoacan » (Albin Michel) . Nous l’avions rencontré alors pour évoquer avec lui les figures centrales de ce récit: Frida Kahlo, Diego Rivas et…Léon Trotsky. C’est en effet à un épisode de l’Histoire du Mexique et de l’URSS que s’était consacré le romancier: l’exil de Léon Trotsky au Mexique, où il est accueilli et hébergé par le couple sulfureux des peintres. Cet entretien est toujours disponible en cliquant ICI.

Nous écrivions alors à propos du roman: « S’il fallait démontrer que le romanesque est une extraordinaire porte d’entrée sur l’Histoire (avec un grand H), le dernier ouvrage de Gérard de Cortanze balaierait tous les doutes. de Cortanze avait déjà abordé Frida Kahlo par le biais de la biographie, puis par l’édition d’un livre de photographies et textes de Gisèle Freund. Aujourd’hui, il nous donne peut-être la vision la plus sensible et intense de ce personnage hors norme qu’est la peintre mexicaine. Pour y parvenir, la voie romanesque est idéale. C’est pour l’évoquer que nous sommes allés à la rencontre du romancier Gérard de Cortanze qui nous donne aujourd’hui ce roman envoûtant d’un épisode de la vie tourmentée et passionnée d’une des plus grandes artistes du siècle dernier. A l’intime (la relation amoureuse entre Frida et Trotsky, exilé au Mexique), se mêle l’envahissement du génie pictural et de la révolution d’un monde. » 

Du 14 au 25 octobre, la Comédie Claude Volter porte à l’affiche une adaptation de ce roman par Gérard de Cortanze, mise en scène par Jean-Claude Idée. L’occasion de découvrir, dans un dispositif scénique particulièrement habile (qui permet notamment de voir les tableaux de Frida Kahlo contemporains de cette période, dont un autoportrait dédié à l’homme politique en exil), l’affrontement des passions entre des personnalités hors-norme. Bien sûr, il y a la passion qui soude Léon Trotsky et Frida Kahlo. La peintre mexicaine est jouée par Katia Miran avec une justesse éblouissante. Dès sa première entrée en scène, – la plus difficile lorsqu’on joue le rôle d’une figure aussi connue que Frida Kahlo- ,Katia Miran devient littéralement l’artiste mexicaine, fantaisiste et souffrante, drôle et tragique, vivante et survivante. Quant à Léon Trotsky, il est incarné par Ivan Morane qui donne au personnage toute la complexité de l’affrontement entre le Destin que l’histoire lui réserve et la Vie, la simple vie à laquelle la passion amoureuse l’invite. Diego Rivera, monstre gargantuesque, au talent aussi surdimensionnés que l’appétit de vivre, est incarné par Jean-Loup Horwitz et Natalia Sedova, l’épouse de Trotsky , celle de toutes les fidélités, idéologiques et matrimoniales, de tous les sacrifices aussi, qui tentera jusqu’au bout de protéger Trotsky des menaces qui le cernent dans l’exil mexicain. … A ces figures historiques, s’ajoute dans une sorte de « choeur », témoin et guide entre les différentes séquences , le comédien Xavier Simonin, glaçant et impassible comme un lien entre l’Histoire et les hommes qui en sont les marionnettes.

On le voit, c’est une distribution exceptionnelle que la Comédie Claude Volter a réunie pour cette représentation magistralement orchestrée par Jean-Claude Idée, avec le talent et l’engagement qui ont fait la réputation de ce metteur en scène, une des figures de proue du théâtre francophone contemporain.

Sans aucun doute, « Un amour de Frida Kahlo » appartient à ces oeuvres qui valent de franchir les obstacles que nous imposent le confinement et la pandémie et d’affronter les menaces qui pèsent sur la culture aujourd’hui plus que jamais, d’entrer dans les théâtres et de s’installer, en toute sécurité sanitaire, face aux oeuvres qu’ils nous donnent à voir de si belle façon.

Des comédiens dont le talent et la biographie artistique donnent à rêver, une mise en scène qui met en lumière une oeuvre intense, dont les échos résonnent longtemps après que les applaudissements se soient tus, des personnages que l’on ne se lasse pas de déchiffrer, un auteur, Gérard de Cortanze, dont les livres nous enchantent (et en particulier ceux consacrés à Frida et Diego)… voici quelques arguments pour vous inciter à rejoindre le nombre de celles et ceux qui, lors de la première, applaudissaient à tout rompre, et rappelaient les comédiens pour leur manifester, plus intensément que jamais, leur profonde gratitude!

Jean Jauniaux, le 17 octobre 2020.

La pièce sur le site de la Comédie Claude Volter:

UN AMOUR DE FRIDA KAHLO de Gérard de CORTANZE

Se joue du 14 au 25 octobre 2020

Rencontre entre Frida Kahlo et Léon Trotsky. Mexico, janvier 1937. Léon Trotsky et Natalia Sedova obtiennent l’asile politique au Mexique où Diego Rivera et Frida Kahlo les hébergent. Entre l’exilé pourchassé par la Guépéou et l’artiste flamboyante naît une passion aussi vive qu’éphémère. Loin du personnage hystérique, maladif, caricatural qui est habituellement montré, « notre » Frida Kahlo est un chant d’amour à la vie, une main tendue vers une humanité plus juste. Quand elle rencontre Léon Trotsky, Frida a 29 ans. Elle est enjouée, elle aime boire, chanter, danser, faire des bons mots. Une brûlante histoire d’amour …

Avec : Katia MIRAN, Claire MIRANDE, Ivan MORANE, Jean-Loup HORWITZ et Xavier SIMONIN / Mise en scène, décor et lumière : Jean-Claude Idée / Assistanat son et images : Simon WILLIAME / Régie : Pascal LEFRIEC

Comédie Claude Volter

Avenue des Frères Legrain 98
1150 Bruxelles

Billetterie : Lundi, Mardi, Mercredi, Jeudi & Vendredi de 14h à 18h. Tel 02/ 762 09 63

Mail :  secretariat@comedievolter.be 

Représentations

du Mardi au Samedi à 20h15

Dimanche à 16h