En 2019, chez Fleuve Editions paraissait Le rêve d’un fou. Dans ce roman sensible et lumineux, Nadine Monfils évoquait le facteur Cheval et le chateau, son « Palais idéal », à la construction duquel il consacra sa vie. Nous avions rencontré alors Nadine Monfils qui évoquait à notre micro ce livre d’une texture inhabituelle pour la romancière belge qui explorait de nouvelles formes littéraires. Voici un fragment de ce que nous en écrivions alors: « On ne lache pas ce livre une fois qu’on en a déployé les premières pages, les premiers pas d’un homme qui ira au bout de son rêve et qui, après l’Histoire de l’art, entre dans celle de la littérature grâce à ce roman, à glisser dans les rayons ensoleillés des bibliothèques, ceux où on aime à revenir… »
Avec Le souffleur de nuages, elle puise dans la même palette d’émotions à fleur de peau, de touches pointillistes, de fragments de lumières et d’instants, pour nous emmener au fil d’une plume trempée dans l’encrier du coeur. L’histoire réunit Franck, chauffeur de taxi, et Hélène Duval, une vieille dame qui l’engage pour une course dont les prolongements, les rencontres, les péripéties sont l’objet du récit. Au fil des chapitres, et des dialogues entre les deux occupants du taxi, la romancière dévoile ces interstices de lumière dont Franck et Hélène s’éclairent l’un l’autre par les confidences échangées. C’est d’un apprivoisement mutuel dont nous sommes, lecteur, le témoin enchanté. A la fois roman picaresque, roman d’initiation, road movie ce livre est avant tout une ode à l’amour, comme l’annonce l’exergue extraite de La quête de Brel. Et c’est bien d’amour qu’il s’agit: Hélène part à la rencontre d’un amour de jeunesse, Louis, qu’elle ne s’est jamais résolue à oublier. Au détour de cette quête, Franck oubliera l’amant qui l’a délaissé. Et au fil de ce voyage dont la destination est Senlis, on croisera les souvenirs et le présent, on évoquera Séraphine dont le destin avorté d’artiste a si bien été mis en scène par Yolande Moreau, on évoque Le voyage au bout de la nuit et ce que les livres nous donnent, s’ils sont de cette envergure-là, on entend résonner les vers d’Aragon et de Stromae… Il ne nous revient pas de dévoiler le dénouement de ce récit qui, d’une certaine manière, ne s’achève pas. Hormis dans la mémoire que nous conservons d’Hélène et Louis, comme de deux amis dont nous devinons désormais les voyages, au bout de la vie cette fois.
Il y a dans ce court roman, comme dans certaines nouvelles de Tchékhov, une invitation à rêver. Le lecteur arrivé d’une traite à la dernière phrase: Alors, on danse? Et on ne peut s’empêcher de songer que le souffleur de nuages, celui qui écarte ceux-ci qui nous rongent le coeur et l’âme, celui-là qui nous ouvre à l’autre, comme une fenêtre un matin d’été, ou une porte que l’on laisse ouverte derrière soi au moment de partir, celui-là c’est le livre lui-même, ce volume orné d’une aquarelle de Mathieu Persan , et dont le titre nous invite au réconfort: Le souffleur de nuages.
Nous avons rencontré Nadine Monfils pour poursuivre l’entretien que nous avions enregistré à propos du roman précédent, Le rêve d’un fou. Celui-ci est de la même veine, lumineuse et ardente. Nous le relirons ces soirs d’automne où des livres comme celui-ci, leurs personnages, leurs coeurs battants sont tellement indispensables.
Jean Jauniaux
Ci-dessous, l’entretien avec Nadine Monfils enregistré le 14 octobre dernier. Elle nous y annonce un scoop à propos de ses deux prochains romans, à paraître en mai chez Robert Laffont. Le personnage central en sera un peintre belge célèbre…
Sur le site de Fleuve Editions:
Franck, chauffeur de taxi, est triste parce que son chat est mort, que sa vie est monotone et qu’il est seul. Un jour, il reçoit l’appel de Hélène, une vieille dame fantasque, qui l’attend avec sa valise devant sa maison, dont elle laisse la porte grande ouverte, « comme ça, tout le monde pourra entrer et se servir…» Elle n’a pas l’intention de revenir mais souhaite retrouver enfin le grand amour de sa vie.
Franck et Helène vont alors se lancer dans une aventure pleine de surprises et devenir l’un pour l’autre des souffleurs de nuages. Car il n’y a pas d’âge pour poursuivre ses rêves et
les rencontres inattendues peuvent parfois ensoleiller notre existence…