Le septième cercle, un roman d’André-Joseph Dubois

L' »anti-Tintin » : le roman picaresque d’un des grands écrivains de la littérature belge francophone.

Il y a 499 pages à ce roman publié aux Éditions Weyrich dont on ne dira jamais assez combien le catalogue est essentiel pour embrasser une part importante de la littérature belge francophone . On y trouve aujourd’hui plusieurs dizaines de romans et recueil de nouvelles d’auteurs et autrices contemporains, racontant par la fiction, l’imaginaire singulier des lettres de Belgique.

André-Joseh Dubois y publie son septième roman dont il nous dit avec malice que ce chiffre a inspiré le titre Le septième cercle. Nous avons rencontré par video et enregistrement sonore cet écrivain au parcours atypique, interrompant pendant trente années une carrière littéraire commencée sur les chapeaux de roue en 1981 avec L’oeil de la mouche (Balland) qui lui valut un accueil critique et public enthousiaste.

En 2011, à la demande des fondateurs de la collection Plumes du coq, Christian Libens et le regretté Alain Bertrand, il leur propose un manuscrit de roman qui attendait son heure au fond d’un tiroir. ce sera Les années plastiques et le début de la publication régulière de nouveaux romans jusqu’à celui-ci, Le septième cercle, qui nous a enthousiasmé à plus d’un titre par son envergure et son style, son souffle épique et picaresque, sa manière de promener le « miroir stendhalien » sur les chemins d’un demi siècle d’Histoire mondiale, et cela grâce à un personnage, le narrateur Léon Bourdouxhe, médiocre et veule, opportuniste et violent, qui se trouvera engagé dans les plus obscurs et nauséabonds épisodes de l’Histoire du XXè siècle. Adoptant la forme d’une longue confession ou interview fictive, le romancier donne la parole à son protagoniste et offre au lecteur la vision hallucinante des exactions commises par celui-ci en Afrique (Congo colonial), en Amérique latine, en Europe et en Belgique.

Il faudra attendre la dernière page de ce roman qui se lit d’une traite, pour donner enfin son identité au sinistre personnage qui, issu d’une famille de collabos, est impliqué dans l’assassinat de Julien Lahaut, et dans les épisodes les plus sanglants de la guerre d’Algérie, de l’indépendance du Congo et de la dictature castriste. Entre autres…

Nous avons rencontré André-Joseph Dubois pour évoquer ce roman, septième de sa bibliographie, sans oublier que, dans La divine Comédie le septième cercle désigne celui des lâches et des traîtres, cet endroit où sans conteste son personnage, Léon Bourdouxhe a trouvé sa place.

Une fois ce livre achevé, nous n’avons qu’un hâte, nous plonger dans les six romans qui, l’ont précédé et remercier une fois encore les Editions Weyrich de nous en donner la possibilité.

Jean Jauniaux, le 26 septembre 2020.

Sur le site des Éditions Weyrich:

« Léon est un salaud, un tueur. Il est belge aussi. Mais c’est l’anti-Tintin. Il livre sa confession dans un long monologue qui s’étend sur 16 jours, qui correspondent chacun à un chapitre. Sa confession, il la fait à une dame dont on ne sait s’il s’agit d’une enquêtrice, d’une journaliste, d’un juge ou d’un flic… 
Ce récit trace une sorte de destin, depuis le meurtre de Julien Lahaut, marqué par des actes sordides, cruels, voire inhumains. Une vie exceptionnelle, marquée d’aventures et d’actions ; des tribulations aux quatre coins du monde où se jouent les épisodes, et où se croisent les destins, qui vont construire le xxe siècle et dont Léon se trouve le témoin. Un monde de franches crapules, assumées et décomplexées, stipendiées selon les opportunités qui motivent les états occidentaux à cette époque. 
Avec son nouveau roman, André-Joseph Dubois réussit l’exercice difficile d’analyser les quatre décennies durant lesquelles le monde moderne va se reconstruire à la sortie de la Deuxième Guerre mondiale. Au travers d’une grande fresque qui se lit comme on regarde un bon film en noir et blanc, il met en scène son Léon avec un tel talent qu’il pourrait vous dégouter comme vous attendrir. C’est tout le paradoxe du personnage que fait évoluer l’auteur dans un monde vivant sous la menace du communisme, des stratégies, des rapports de force et des provocations entre l’Est et l’Ouest. »