Rencontre avec l’éditrice et romancière Sara Dombret
Avec un quatorzième roman à paraître cet été, la collection « Femmes de lettres oubliées » confirme, s’il en était nécessaire, le succès de la maison d’édition « Névrosée », créée il y a moins d’un an par Sara Dombret. Romancière (nous rendrons compte bien vite de son roman « A nos membres fantômes »), juriste et récemment élue présidente de PEN Club Belgique où elle succède à l’écrivain Jean Jauniaux, la nouvelle éditrice nourrit une passion sensible et érudite pour la littérature belge francophone, dont elle déplore qu’elle n’ait pas la place qu’elle mérite dans son pays d’origine. « La Belgique est le seul pays que je connaisse qui ne célèbre pas sa propre littérature », s’exclame Sara Dombret dans l’interview qu’elle nous a accordée.
Au cœur de cette littérature dédaignée, figure un important patrimoine romanesque féminin. Sara Dombret a choisi de commencer son entreprise de réhabilitation par ces auteures dont le nom – ou le pseudonyme masculin – a été effacé des mémoires : Caroline Gravière (dont on disait qu’elle était la George Sand belge), Louis Dubrau (à qui la presse belge avait consacré pourtant, à chaque nouveau livre, des chroniques littéraires abondantes), Mariane Pierson-Piérard, la fille de Louis Piérard, le fondateur du PEN Club belge francophone (nous avions rendu compte dans « Le Carnet et les instants » du roman « Dora »), Nelly Kristink (dont on se souvient du téléfilm de Teff Erhat inspiré d’un de ses romans, « Le renard à l’anneau d’or »)… Elles sont quatorze à ce jour à figurer dans le catalogue de « Névrosée ».
Et les romanciers belges francophones, qu’en est-il ? Ne les avons-nous pas, eux aussi, négligés dans notre panthéon littéraire où prédominent les écrivains français ?
Le constat de Sara Dombret s’applique à eux aussi. Qu’à cela ne tienne! Bientôt apparaîtra une nouvelle collection : « Les sous-exposés ». Elle accueillera quelques romans introuvables, même dans la collection patrimoniale « Espace-Nord », de Jean Muno, Georges Rodenbach, Jacques Henrard, Alain Bosquet, Jean-Baptiste Baronian… Chacun des volumes sera précédé d’une préface d’un romancier ou critique belge francophone contemporain : Luc Dellisse, Pierre de Malgachie, Frédéric Saenen.
D’avoir lu quelques uns des ouvrages déjà publiés, d’avoir écouté Sara Dombret évoquer les livres à venir bientôt dans les rayonnages des librairies (et, espérons-le, dans les programmes scolaires dédiés à la littérature…), nous ne pouvons que souhaiter plein succès à cette entreprise éditoriale nouvelle qui donnera une deuxième vie à un patrimoine littéraire exceptionnel dont le public ne tardera pas à découvrir qu’il est aussi parfaitement actuel.
Nous avons rencontré Sara Dombret chez elle, dans le bureau qu’elle dédié à la littérature belge francophone, où les bibliothèques regorgent de livres dénichés dans les bouquineries, sur les sites de livres d’occasion et au hasard des recherches et rencontres avec les ayant-droits.
Edmond Morrel, le 14 juillet 2020
Ecoutez Sara Dombret au micro d’Edmond Morrel.