Une nouvelle de Jean Jauniaux traduite en japonais: « Perception de (Paul) Delvaux » aux Editions Somekawa (Osaka)


Communiqué:

En 2018, sous le label Le Hibou des dunes, en co-édition avec la Fondation Paul Delvaux, Jean Jauniaux publiait une nouvelle inédite, Perception de Delvaux. Cette fiction raconte une péripétie inattendue survenue au Musée Delvaux lors de la visite à Saint Idesbald d’un groupe de touristes japonais. Le peintre se trouvait justement dans son musée ce jour là…
La nouvelle a été initialement publiée en version bilingue, français-néerlandais et ornée de deux aquarelles inédites de Paul Delvaux
Une édition bilingue japonais-espéranto est désormais disponible aux Editions Somekawa (Osaka).

 


Peut-être l’occasion de se procurer déjà le « collector » en français-néerlandais de Perception de Paul Delvaux… disponible à la boutique de la Fondation Paul Delvaux à Saint Idesbald? Le livre est orné de deux aquarelles inédites du peintre.

Ce qu’ils en ont dit…

A la sortie du livre,  Jacques De Decker présentait Perception de Delvaux lors d’une soirée à l’Association des Écrivains de Belgique.

Extraits:
«  Parlons de ce  livre tout à fait insolite parce qu’il est double. Il est à double face pour des raisons qu’il se veut délibérément bilingue, d’être véritablement belge. C’est vrai que la Belgique est un pays complexe dans lequel un artiste bruxellois, essentiellement francophone passait l’essentiel de sa vie en bord de mer du Nord exactement comme Jean Jauniaux d’origine wallonne, ayant été formé dans le Hainaut et à Bruxelles, a trouvé dans le sillage de son père un extraordinaire lieu de séjour et de méditation et de création dans ce même espace de Saint-Idesbald. Sur ce lieu il entretient pas mal de légendes qui sont présentées avec tellement de conviction que tout le monde finit par y croire. (…)  Ce livre, Perception de Delvaux est un peu…, je vais employer une expression flamande parce qu’on va se permettre d’être un peu bilingue aujourd’hui, c’est un peu l’œuvre de Jean Jauniaux « in een notendop » comme disent les Flamands, c’est-à-dire « en une coquille de noix ». C’est un objet relativement réduit par le nombre de pages mais où énormément d’éléments constitutifs de son talent de conteur, de nouvelliste et de romancier apparaissent : d’abord une véritable délicatesse dans la perception des signes parlant, des signes révélateurs, une complicité avec les figures qu’il met en scène.

Un soin extraordinairement sévère sur les signes qu’il va mettre en évidence au fil du récit : ceci en fait finalement un écrivain assez proche du plasticien qui lui aussi travaille sur des signes révélateurs. D’une certaine façon, la très belle aquarelle de Delvaux qui illustre la couverture du livre colle moins au sujet qu’au style, à cette espèce finesse du trait, de sens de la nuance, de délicatesse. Je signale à ce propos que Jean Jauniaux n’est pas seulement l’auteur de recueils de nouvelles mais aussi d’un roman que je trouve injustement méconnu. Son titre : « Les mots de Maud ». Il devient véritablement urgent qu’il nous soit à nouveau accessible. » (Jacques De Decker, séance de l’AEB du 16/5/2018 à écouter aussi sur youtube https://youtu.be/dnrBeHxqj1I ) 

Le livre a également fait l’objet d’une recension que l’on peut trouver sur le site du Carnet et les Instants :  Extrait de la nouvelle Perception de Delvaux:
« Elle (la guide japonaise escortant les visiteurs)  souhaitait donner une interprétation japonaise de certaines œuvres, mais surtout établir des rapprochements entre les regards des femmes de Delvaux, ces yeux noirs grands ouverts, et celles que l’on voit dans les estampes japonaises. Les yeux bridés contrastent bien sûr avec les regards chez Delvaux, mais l’intensité noire est de la même force me fait-elle comprendre en écarquillant elle-même les yeux , puis en les fermant pour qu’il n’en reste qu’une ligne noire. Elle répéta ce clignement d’yeux à plusieurs reprises, puis, devant mon air abasourdi, éclata de rire ! J’ai oublié de vous dire que Yuri état très belle, qu’elle le savait et qu’elle devait en jouer un peu avec moi. Je me laissais submerger par la grâce de cette énigmatique séduction, alternant la mélancolie du regard et le sourire obligé de la courtoisie. Aujourd’hui, plus de vingt ans après, je me souviens de chaque seconde de cette visite en sa compagnie. Pour mieux me faire comprendre le sujet de sa thèse, elle sortit de son sac un livre consacré à l’ Ukiyo, le  « monde flottant ». Elle répéta cette expression en anglais, puis essaya en français… Finalement, elle prit dans son sac un carnet de dessin et calligraphia le mot : 浮世 , comme si le fait de le voir allait m’aider à comprendre ce que signifiait ce Ukiyo. »