Immersion hallucinée dans ce road movie qui met en scène deux délégués d’une firme pharmaceutique allant en province « placer » leur produit, un médicament qui, dans une première version, a fait d’innombrables dégâts… Un album décapant à tous points de vue : les personnages, le dessin, les dialogues (truffés de Rimbaud)… Tout invite à se plonger toutes affaires cessantes dans l’errance du Teckel et de son comparse.
Nous avons rencontré Hervé Bourhis à Bruxelles.
Edmond Morrel
Sur le site de Professeur Cyclope/ Casterman
Une évocation au vitriol du monde des laboratoires pharmaceutiques et des pratiques commerciales, portée par une brillante galerie de portraits. Décapant !
« Pour vendre ce nouveau produit à nos partenaires médecins, nous allons allier l’expérience à la fraîcheur ». Ainsi la direction des laboratoires Duprat s’adresse-t-elle à son nouveau binôme commercial pour le convaincre d’accepter une collaboration en réalité imposée. Guy Farkas, surnommé « Le Teckel », visiteur médical revenu de tout, devra faire équipe avec Jérémy Labionda, jeune cadre surdiplômé, en fait discrètement mandaté par sa hiérarchie pour enquêter sur les véritables agissements du Teckel. Bref, le mariage de la carpe et du lapin sur fond de mission à haut risque, puisqu’ils doivent vendre la nouvelle version d’un médicament soupçonné d’avoir provoqué des centaines de décès.
Cruel souvent, cynique parfois, mais d’un bout à l’autre extrêmement drôle, Le Teckel est une satire féroce de notre monde avide et amoral. C’est une grande histoire d’amitié, un brûlot anticapitaliste, une passion interdite, un thriller haletant ! N’ayons pas peur des mots : c’est un road trip à la française en CX break, entre Tandem et Les Galettes de Pont-Aven !
Hervé Bourhis réussit en outre une galerie de portraits humains très finement observés, qui jusqu’au bout réserveront des surprises… Un sans-faute.