Chez Flammarion
Dans le prolongement des ouvrages consacrés à Hergé et Derrida , Benoît Peeters publie chez Flammarion une biographie de Valéry, qu’il sous titre « Tenter de vivre ». En exergue de l’ouvrage une citation de Valery nous donne peut-être la clé du dispositif, très personnel, mis en place par le biographe pour « Tenter de raconter une vie » : « Voici un homme qui se présente à nous comme rationaliste, froid , méthodique, etc. Nous allons supposer qu’il est tout le contraire, et que ce qu’il paraît est l’effet de sa réaction contre ce qu’il est. »
Nous avons rencontré Benoît Peeters au siège de la maison d’éditions qu’il dirige à Bruxelles, « Les Impressions Nouvelles »
Edmond Morrel
Paul Valéry est bien autre chose que ce que la postérité a fait de lui. Derrière l’académicien aux éternelles moustaches se cache un penseur qui, toute sa vie, de silences en éclats, s’est débattu avec son désir de littérature. Derrière le disciple de Mallarmé, le poète glorieux et le contempteur du roman, voici un prosateur à la langue superbe, énergique et multiforme. Derrière l’écrivain mondain, c’est un homme désargenté, contraint, pour « faire bouillir la marmite », de servir un vieillard des décennies durant ou de monnayer ses propres manuscrits. Derrière le pur esprit, on découvre l’ami exigeant de Gide et de Louÿs, mais aussi un amant fragile et brûlant dans sa liaison tourmentée avec Catherine Pozzi ou ses passions pour Renée Vautier et Jeanne Loviton. Les funérailles nationales du 25 juillet 1945 furent celles d’un homme au destin tragique, pour qui « tenter de vivre » ne fut pas que la moitié d’un vers. Impénitent lecteur de Valéry, nourri d’archives et de correspondances inédites, Benoît Peeters nous livre le portrait empathique d’une des plus fascinantes figures d’écrivain qui ait jamais existé, et renouvelle avec brio la lecture de son oeuvre.