Si le dernier roman de Baronian épouse la trame narrative d’une énigme à résoudre, avec cadavre,suspects et policier en charge de l’enquête, ce n’est pas un polar, dans le sens réducteur de ce terme encore connoté.
Dans un village de Provence, décor inhabituel pour le romancier dont on croise davantage les personnages à Bruxelles, Baronian embrasse de son regard désabusé les protagonistes réunis pour l’enquête déclenchée suite à un meurtre. Autour du Commissaire Bergman, lui-même modèle d’un personnage de romancier qui ouvre et clôt le livre, gravitent des hommes et des femmes croisés au fil de l’investigation dont chaque fragment constitue les « miroirs de Rosalie », une jeune femme égorgée sur la terrasse de son cabanon.
A partir de cet événement, Baronian se laisse porter par la jubilation d’écrire, de raconter une histoire.
Qu’elle soit « policière » ou non, peu importe. Le romancier est à la fois peintre et photographe : il débusque la vérité des êtres, la complexité de chacun, l’indicible autant que le mensonge. Il nous livre le portrait d’une humanité déboussolée sous le soleil, vue à travers le désarroi fébrile d’un commissaire, faux Maigret, inquiet des absences de Denise, sa femme, dépressive.
Baronian nous plonge avec jubilation et empathie dans cette communauté improbable d’hommes et de femmes qui s’observent, se guettent, dévoilent leurs petits travers, se confrontent aux éraflures de leurs petites vies.
Un roman. Un vrai.
Edmond Morrel
Nous avions rencontré déjà Jean-Baptiste Baronian lors de la publication de son précédent roman, chez le même éditeur, De Fallois :