Danièle Henky, dont on se souvient du livre « Baptêmes du feu » (Editions Weyrich, 2018)mettant en scène Guillaume Apollinaire dans une construction romanesque, mêlant fiction et Histoire, consacre aujourd’hui à Maria Borrely une biographie qui se lit…comme un roman. L’autrice se place au plus près de la figure dont elle évoque depuis l’enfance villageoise et pauvre, les hasards de la vie qui feront d’elle, au-delà de l’institutrice, une écrivaine, une féministe, une pacifiste dans le sillage de Giono et une résistante durant la deuxième guerre mondiale. La biographie se lit comme un roman écrivions-nous. Peut-être faut-il chercher à cela (- générosité du regard, empathie dans l’évocation des engagements, des succès autant que des défaites, importance de l’écriture chez Maria Borrely – dont le premier roman est publié chez Gallimard-) une explication dans la postface. Là le lecteur découvre la genèse de l’intérêt porté par Danièle Henky pour celle qui deviendra un modèle (dans les deux sens du terme: une référence et un sujet). C’est là aussi peut-être que se dévoile l’attachement posthume de la biographe pour celle dont « elle a tenté à son tour d’esquisser la silhouette d’une écrivaine restée confidentielle par suite, sans doute, d’une santé fragile qui brisa sa carrière et, d’une certaine façon, sa vie , rendant impossible l’écriture de l’oeuvre de plus grande envergure qu’elle n’aurait pas manqué de réaliser. » Et Henky remplit aussi cette vocation essentielle, propre aux pédagogues, aux universitaires, aux chercheurs et aux écrivains: celle de « passeur », nous donnant ici l’impérieuse curiosité de relire l’oeuvre de Maria Borrely, mais aussi, entre autres, sa correspondance avec Giono.
Jean Jauniaux, le 8 décembre 2022
Sur le site de l’éditeur: « Instigatrice d’un foyer intellectuel provençal que fréquenta assidûment Jean Giono dont elle fut la grande amie, l’écrivaine Maria Borrély correspondit aussi avec André Gide et bien d’autres auteurs qui s’enthousiasmèrent à la lecture de son premier roman. Dans les années trente, Gallimard la publia dans la prestigieuse NRF et lui fit même signer un contrat… pour dix ouvrages !
Après la Première Guerre mondiale, son engagement politique et journalistique la conduisit à être l’une des rares femmes qui participa au célèbre congrès de Tours de 1920, un événement majeur dans l’histoire de France.
Durant la Deuxième Guerre mondiale, cette résistante combattit aux côtés de son mari contre l’envahisseur… qui logeait au-dessous de son domicile ! A Digne, elle rencontra également l’incroyable aventurière Alexandra David-Néel dont elle partageait les goûts littéraires…
Pourtant, aujourd’hui, la notoriété de Maria Borrély, écrivaine, féministe, pacifiste engagée, écologiste avant l’heure, reste trop méconnue.
Pourquoi ce destin qui s’annonçait si prometteur a-t-il été brisé ? »