Le peintre Bert Mertens porte un regard faussement objectif sur le réel, le quotidien, l’entourage des choses et du monde. Dans chacune des peintures qu’il nous en donne à voir, il y a un déchiffrement de l’immédiat et de sa complexité. Ainsi, un alignement de verres sur la console d’un bar, une succession de chaussures dans un étalage, le troublant reflet de la rue dans une vitre, tout semble matière à éveiller l’émotion du peintre qui nous en restitue une réalité plus intense. Sans doute cette sensation de « sur-réel » vient-elle de notre curiosité à regarder ce qui nous est montré, à déplacer les yeux en chaque endroit de la toile, à en examiner les détails. Pourtant, combien de fois sommes nous passés devant des coins de rue, des garages, des entrepôts sans y prêter attention.
En reconstituant dans ses tableaux ces instantanés qui nous échappent, l’artiste nous offre le partage de cette émotion dont le quotidien est porteur; nous révèle ce que seul le geste du peintre (ou du photographe) peut restituer: cette éternité de l’instant que l’art nous permet de débusquer. Mertens semble nous dire que rien n’est indigne d’être vu et, pour nous le démontrer, reconstitue avec minutie ces fragments de quotidien auxquels il donne, sur la toile, une nouvelle dignité. Il s’agit parfois de plans d’ensemble (comme le garage de Bruno, surencombré d’accessoires, d’outils, de carcasses métalliques) ou de détails pris au plus près (comme ces filets de pêche ou ces algues). Chaque fois, le spectateur est happé par ce qui lui est donné à voir.
L’exploration de l’oeuvre est chaque fois une source de surprise, d’émotion, de poésie. Car c’est bien de cela qu’il s’agit: porter un regard de poète sur le réel pour en faire oeuvre. Et Mertens en est devenu, en quelques années seulement (il a débuté sa « troisième vie », celle d’artiste, en 2018! ) , un incontestable exemple par sa maîtrise, l’intensité de son art et cette grâce qui semble émaner de chacune des oeuvres.
Jean Jauniaux, le 28 septembre 2022.
PS: en 2023 Bert Mertens exposera à la Galerie 24 b à Paris. Ce sera l’occasion d’y exposer, notamment, à la demande du galeriste Emmanuel Bouvet, des portraits dont certains sont visibles déjà à l’atelier de l’artiste à Bruxelles.
Sur le site de Bert Mertens, « A thing of beauty » toutes informations sont disponibles.