De film en film, Frédéric Sojcher explore la fascination qu’exerce sur lui, depuis toujours, le cinéma. Avec « Je veux être actrice », son dernier opus, le cinéaste nous donne à partager une autre fascination, indissociable du septième art : celle de l’acteur. Inventant chaque fois une nouvelle manière de mettre en scène son exploration du cinéma, Sojcher mêle avec bonheur les genres. Documentaire, certes puisque tel est l’intitulé officiel de cette production. Fiction – bien sûr, fiction, comment un documentaire ne serait-il pas avant tout une fiction, puisque c’est une histoire qui nous est contée, à partir d’un point de vue unique, original ? Nouveau Cinéma ? A force d’entrelacer les genres, Sojcher en invente un nouveau. A chacun d’entre nous de lui donner une identité : fable de la transmission, conte initiatique, ou tout simplement, film d’amour… Car c’est d’amour qu’il s’agit ici. Amour d’un père pour sa fille, amour de ce bonheur dont les yeux de Sojcher ne cessent de pétiller depuis qu’il a construit sa « tribu » entouré d’Isabelle (son épouse et égérie qui apparaît dans le film) et de Nastasjia (sa fille qui veut être actrice…), amour de se trouver au milieu de celles et ceux qui partagent son aventure : les comédiens (Lonsdale qui lui a toujours fait confiance, Micheline Presle qu’il avait si bien filmée dans « Hitler à Hollywood », Patrick Chesnais, Jacques Weber, Jean-François Derec, François Morel, Denis Podalydès, Philippe Torreton ), le musicien (Vladimir Cosma signe une partition que l’on écouterait en boucle !), son père le philosophe Jacques Sojcher (qui aurait voulu être acteur…). C’est peut-être de cela qu’il s’agit finalement : un film-bonheur ?
Prenez garde, ce bonheur-là est contagieux !
Edmond Morrel, le 21 janvier 2016.
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Réalisé par : Frédéric Sojcher
Année : 2015 Genre : Littérature / Cinéma
Nastasjia a 10 ans. Elle veut devenir comédienne, peut-être à cause de son grand-père, Jacques Sojcher, qui projette sur elle son désir non réalisé d’être un acteur. Il est devenu philosophe.
Nastasjia va voir les comédiens qui ont joué dans les films de son père, Frédéric, qui est réalisateur. Frédéric n’est pas vraiment partant, mais elle est soutenue par Jacques… Nastasjia rencontre Patrick Chesnais, Jean-François Derec, Michaël Lonsdale, François Morel, Denis Podalydès, Philippe Torreton, Jacques Weber… et une actrice, Micheline Presle, qui depuis 75 ans – elle en a aujourd’hui 92 – joue la comédie.
Chaque comédien demande à Nastasjia pourquoi elle veut être actrice. Elle tient tête et s’affirme. Chacun lui transmet un secret d’acteur. Elle écoute avec attention, ne perd pas un mot, interroge. Chacun lui parle de son métier et de sa foi, dans le théâtre et au cinéma – la vraie vie. Les échanges se font sous le mode de la confidence, comme si en s’adressant à Nastasjia, les acteurs se livraient davantage que dans des échanges qu’ils pourraient avoir avec un adulte. Ils se mettent même à jouer avec elle – Jacques Weber joue Cyrano et Nastasjia, Roxane ; Denis Podalydès lui donne un cours de direction d’acteur pour jouer Juliette, l’héroïne de Shakespeare, dans sa loge de la Comédie française.
Au plus Nastasjia progresse dans ses investigations et dans ses rencontres, au plus sa famille se montre hostile. « Il faut penser à un vrai métier », lui dit sa grand-mère. « Je ne veux pas que tu te retrouves, plus tard, intermittente du spectacle. » Même Frédéric, son père, se montre inquiet. Seul Jacques continue à l’encourager. Pour lui, ce qui compte, c’est d’avoir une passion. Jouer, interpréter un rôle, permet de se découvrir. « Deviens ce que tu es » dit Nietzsche, son philosophe préféré. Nastasjia avait jusqu’alors peu de contact avec son grand-père. Une complicité naît entre eux.