« Vers la mer » : un premier roman lumineux.
Ce premier roman d’Anne-Sophie Stefanini est d’une belle lumière. Le livre s’ouvre sur une citation d’Albert Camus qui semble avoir irradié de soleil l’écriture de la jeune romancière.
Souvent les premiers romans puisent dans la propre biographie des écrivains, la matière qui, d’une certaine manière, les sécurise ou leur donne l’illusion d’une protection. Anne-Sophie Stefanini s’est d’emblée éloignée de cette tentation pour nous donner l’émouvant récit initiatique qui réunit une mère et sa fille Laure dans un voyage dont le roman nous dit les péripéties. Cette traversée de la France, de Paris à Nice, conduit la jeune femme vers un nouveau départ, « vers la mer ». Phonétiquement, le titre peut se dire « Vers la mère » et « Vers l’amer » : le trajet à bord d’une vieille voiture délabrée rapprochera la fille de sa mère, mais aussi, chacune de ces passagères d’une autre destination, leur passé, leur histoire.
Stefanini travaille par touches légères et limpides pour approcher en douceur le lecteur de ses personnages. Par affleurements, on devine le passé de la mère, on soupçonne le secret, on espère le dévoilement.
S’il est un élément autobiographique dans ce récit intimiste, c’est dans le livre que la jeune femme ne cesse de lire et relire depuis l’enfance qu’il faut le chercher. « Le livre des voyageurs », dont on aimerait qu’il existât vraiment, a été offert à Laure, enfant, par sa mère et ne l’a jamais quittée. Il est à la fois le rêve et la réalité, un viatique et un guide. N’est-ce pas là, d’une certaine manière, ce qu’est la littérature…
Vous aimerez ce livre qui aime les livres…
Edmond Morrel