« Tout cela n’a rien à voir avec moi » de Monica Sabolo

De plus en plus souvent, les livres dont la couverture annonce qu’il s’agit de « romans » n’en sont que le reflet lointain et narcissique. On n’y lit que de l’ »auto-fiction », ce procédé qui consiste à faire partager à tous ce qui ne regarde que nous, sous prétexte qu’il y aurait « écriture » (avec pléthore de guillemets pour bien souligner le poids de ce mot) Nous redoutions cela avec l’opus non identifié que JC Lattès publie en cette rentrée sous le titre préventif :  » Tout cela n’a rien à voir avec moi »

Et si ce livre était vraiment un roman ? Et pas la confession d’un enfant du siècle et de son chagrin d’amour qui n’en serait que le prétexte, l’argument ? Pourtant, tout a été vécu semble-t-il par la narratrice M.S. qui a les mêmes initiales que l’auteure Monica Sabolo (on voit même sa photo parmi les multiples illustrations qui orne l’ »ouvrage »)…

Elle nous a bien piégé MS ! Il s’agit d’un vrai roman même si c’est aussi, mais peu nous importe en fin de compte, un roman vrai. L’humour et l’émotion habillent ce mode d’emploi d’un chagrin d’amour d’aujourd’hui. Un portrait de notre époque qui parle par le biais de sms, de mms, d’images floues de tout ce qui nous entoure et ne veut rien dire. Ne serait-ce pas un appel au secours, ce livre qui aurait tant mérité d’en être un, un vrai.

Edmond Morrel

Sur le site de l’éditeur

Je crains que tout cela n’ait rien à voir avec moi décortique un chagrin d’amour, selon une méthode relevant de la fantaisie, de la poésie et de la science. Il se présente comme un traité académique, dont l’auteur serait à la fois le sujet et l’objet (dispositif qui révèle ses limites, ne nous le cachons pas). Alternant observations cliniques et textes lyriques, photos et correspondance, ce roman-collage est à la fois une enquête de police (les objets du quotidien sont présentés comme de pièces à conviction) et une fiction, drôle, folle, déchirante.
C’est aussi le témoignage d’une obsession, le récit d’un gouffre qui se dévoile. Doucement une réalité archaïque affleure, et l’auteur glisse, comme malgré elle, vers une autre blessure pour remonter doucement vers les racines du mal. Que nous transmettent nos parents ? Leurs chagrins s’impriment-ils dans nos cellules comme une mémoire fatale ? Sommes-nous voués à revivre, encore et encore, des émotions encodées dans une région fossile de notre cerveau ?

Un texte aussi gracieux que bouleversant qui inaugure peut-être un nouveau genre romanesque.