Rencontrer Amin Maalouf à l’occasion de la parution de son dernier livre est chaque fois un bonheur multiple. Celui, bien sûr, d’échanger avec cet homme raffiné, d’une aménité souriante et inaltérable. Celui aussi d’évoquer le roman ou l’essai ou l’événement qui fontson actualité. Mais surtout celui d’être témoin, chaque fois, d’un humanisme nourri d’une inépuisable exigence éthique, d’une érudition dépourvue de fatuité, d’une curiosité jamais désarmée et enfin d’un engagement sans faille dans l’idéal de tolérance qui un jour peut-être désarmera les « identités meurtrières ». En préparant son interview, suivie le soir d’une séance publique organisée par la Librairie Tropismes et animée par Jacques De Decker (Secrétaire Perpétuel de l’Académie de langue et littérature française de Belgique) et Jean Jauniaux (Président de PEN Club Belgique, le centre francophone belge de PEN International), j’ai trouvé une phrase qui, dans le chapitre consacré à Ernest Renan, me semblait définir parfaitement l’auteur de « Léon l’Africain » : « Sa clarté d’expression, la cohérence de sa pensée, son sens éthique, sa puissance d’argumentation font de lui le modèle de l’intellectuel qui va jusqu’au bout des choses, dans ses investigations comme dans ses engagements. » Voilà qui pourrait définir l’essayiste Amin Maalouf. Quant au romancier, il suffit d’ouvrir n’importe lequel de ses ouvrages de fiction, pour sentir vibrer sous la jubilation du conteur levantin, la sensibilité à fleur de peau d’un homme dont le coeur et l’esprit ne font qu’un.
Au terme de l’entretien qu’il nous a accordé, Amin Maalouf a accepté de devenir le premier « membre d’honneur » de PEN Club Belgique. Cette qualité est réservée aux écrivains non Belges dont les engagements s’apparentent à ceux de PEN Club Belgique.
Voici comment Amin Maalouf a formulé cette adhésion :
« Pour Pen club Belgique, c’est un honneur pour moi de participer symboliquement à vos activités et de m’associer à vos rêves ».
Edmond Morrel, le 18 avril 2016, Bruxelles
Sur le site de Grasset :
En racontant la vie et les aventures des dix-huit personnages qui se sont succédé au 29e fauteuil de l’Académie française depuis 1634, Amin Maalouf ne retrace pas seulement cette « généalogie en partie fictive » dont parlait son prédécesseur Lévi-Strauss ; il nous fait revivre de manière charnelle, incarnée, quatre siècles d’histoire de France.
Si « un roman est un miroir que l’on promène le long d’un chemin », selon le mot de Stendhal, le roman de la France que nous relate ici l’auteur est une Légende des Siècles à partir d’un fauteuil.
Son premier occupant se noie dans la Seine, Montherlant se suicide dans son appartement avec vue sur la Seine, et l’Académie elle-même siège dans un petit périmètre longé par la Seine, entre le Louvre et le quai Conti ; unité d’un lieu à partir duquel se déploie le kaléidoscope d’une histoire en train de se faire.
Le pouvoir des rois et des cardinaux, des hommes d’épée et des négociateurs, l’autorité grandissante ou déclinante des philosophes et des savants, l’influence des poètes, des librettistes, des dramaturges et des romanciers : autant de visages de la gloire qui nous parlent des âges différents de la Nation.
Les conflits d’idées et d’égos, les cabales pour faire trébucher Corneille, Voltaire ou Hugo, les intrigues de couloir et les histoires d’amour contrariées tissent la trame de cette si singulière histoire de France. On revisite ici la querelle du Cid et la révocation de l’Edit de Nantes, la Fronde et le jansénisme, l’expulsion des jésuites et l’émergence de la franc-maçonnerie, la Révolution de 1789, l’insurrection du 13 Vendémiaire et le coup d’état du 18 Brumaire, le Second Empire, la guerre de 1870 et la Commune de Paris, l’invention de l’anesthésie et celle des funérailles nationales, l’Affaire Dreyfus et les grandes guerres du XXe siècle…
À partir d’un simple fauteuil, lieu de mémoire fragile et chaleureux posé sur les bords de la Seine, Amin Maalouf nous fait redécouvrir les riches heures du passé de la France, la permanence de son « génie national », ainsi que ses constantes métamorphoses.