La psychanalyste Claude Halmos publie un livre de révolte et de combat. De révolte contre une dimension occultée de la crise économique : le ravage tellurique qu’elle provoque au niveau psychologique. De combat : celui qui consiste à dire les choses telles qu’elles sont, à désigner les vraies causes de la crise et à en nommer les effets. Sortir du silence pour permettre aux victimes d’enfin éradiquer la honte qu’ils éprouvent et qu’ils engendrent. Dans cet essai que tous les décideurs (à quelque niveau et dans quelque secteur que ce soit) devraient lire attentivement, une phrase clé, comme une invitation à se batter et à comprendre : « Si vous ne supportez pas ce que vous avez à vivre, ce n’est pas parce que vous êtes fragile, c’est parce que c’est invivable. »
« Pour en finir avec le rejet, la honte et le silence… » conclut Claude Halmos dans le dernier chapitre d’un essai bouleversant et indispensable. Formons le voeu qu’il soit lu, débattu, partagé et qu’il change notre regard sur ce qu’est vraiment la « crise »…
Nous avons rencontré Claude Halmos le 4 décembre 2014 à Bruxelles. Écoutez cette voix qui mériterait davantage faire un « buzz » que les échanges dramatiquement violents inspirés des mouvements de grève.
Edmond Morrel
« Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
Aujourd’hui, la crise économique n’épargne plus personne. Et elle n’épargne plus rien. Perdre son travail, craindre de le perdre, voir ses possibilités de consommation se réduire comme peau de chagrin, être témoin du malheur des autres et redouter d’en être à son tour victime : ces épreuves atteignent l’individu au-delà du simple stress. Car ces coups ne sont pas seulement des atteintes à un « avoir », ils sont autant de blessures infligées à notre « être ».
La crise économique a enfanté une autre crise, une crise psychologique qui érode, corrode, lamine les cœurs, les corps et les têtes. Or, de cette crise, nul ne parle : ni les politiques, ni les médias, ni les « psys ». Ce silence a de graves conséquences sur les individus ; il renforce leur angoisse et les enferme dans une honte qui n’a pas lieu d’être. Dire à quelqu’un : « Ce n’est pas vous qui êtes malade, c’est le monde qui l’est. Si vous ne supportez pas ce que vous avez à vivre, ce n’est pas parce que vous êtes fragile, c’est parce que c’est invivable », c’est lui dire qu’il ne doit pas se laisser abattre, qu’il doit se battre.
Ce livre a un but : en finir avec ces souffrances tues. Dire les ravages psychologiques de la crise pour apprendre à y résister. »