Une éblouissante adaptation en bande dessinée du « Nègre du Narcisse » de Joseph Conrad
On devait déjà à Renaud De Heyn trois volumes d’un passionnant Carnet de voyage intitulé « Tentation » publiés aux Editions de la Cinquième Couche. Dans ceux-ci, De Heyn raconte un voyage effectué au Pakistan quand il avait 23 ans. Un voyage qu’il rend inoubliable pour le lecteur !
C’est chez Casterman qu’il publie sa relecture du « Nègre du « Narcisse » » , un roman écrit par Joseph Conrad et publié en 1897. Nous avons rencontré Renaud De Heyne dans les caves des halles Saint Géry à Bruxelles où, assis à une petite table, il accueille les visiteurs de l’exposition de ses planches et aquarelles originales.
Il nous dit pourquoi avoir choisi ce roman et comment il a travaillé pour rendre avec autant de puissance d’évocation les ciels, les paysages, les personnages. Je lui suggère d’évoquer son travail à partir d’une phrase extraite du roman de Conrad : « Quand je l’ai vu debout là, aux trois quarts mort et les boyaux tordus de peur – tout noir au milieu des autres qui ouvraient la bouche en le regardant -, sans ressort pour faire face à ce qui nous attend tous, l’idée m’est venue comme ça, tout à coup, avant le temps de réfléchir. Je le plains comme on plaindrait une bête malade. »
Un album de toute grande force. Longtemps les embruns, les murailles d’océan déchaîné, les rugissants et l’enfer des abysses vous hanteront après l’avoir refermé, enchanté par l’art de raconter de De Heyn. Joseph Conrad dans sa barbe, doit grommeler que Renaud De Heyn appartient à la vérité des artistes. Il en disait ceci, dans sa Préface au « Nègre du Narcisse » :
« L’artiste donc, aussi bien que le penseur ou l’homme de science, recherche la vérité et lance son appel…L’artiste s’adresse à cette part de notre être qui ne dépend point de la sagesse, à ce qui est en nous un don et non pas une acquisition, et qui est, par conséquent, plus constamment durable. Il parle à notre capacité de joie et d’admiration, il s’adresse au
sentiment du mystère qui entoure nos vies… »
Un album à découvrir, et aussi à considérer comme une invitation à relire Conrad et aussi les « Tentation » de Renaud De Heyn.
En conclusion, De Heyn nous parle de son prochain album que déjà nous attendons avec une légitime impatience.
Edmond Morrel
Les ciels et les planche de l’album sont exposées aux Halles Saint Géry. C’est là que nous avons rencontré Renaud De Heyn
Agenda de l’exposition :
Exposition « Vent debout »
de Renaud De Heyn – William – Janvier 2010
En attendant « Cieux », son prochain livre à La 5e Couche, l’auteur de « La tentation » signe un nouveau livre aux éditions Casterman, « Vent debout », inspiré du « Nègre du Narcisse » de Joseph Conrad. Une adaptation fluide, qui restitue à merveille l’ambiance et l’époque, ainsi que les relations ambiguës entre les personnages. Dédicaces vendredi 22 chez Brüsel de 15 à 18h et samedi 23 chez Tropismes de 15 à 18h. L’exposition a lieu aux halles Saint-Géry à Bruxelles du 5 au 28 février de 10h00 à 18h00. Renseignement : 02 502 44 24 – www.hallessaintgery.be
Vent debout propose une adaptation en bande dessinée du roman de Joseph Conrad Le nègre du Narcisse. Capitaine au long cours avant de devenir écrivain, l’auteur d’Au coeur des ténèbres y raconte son premier grand voyage en mer, à la fin du 19e siècle, en tant que matelot. Récit d’aventure, le livre est aussi un portrait réaliste de la vie humaine à bord des derniers grands voiliers.
Un matelot noir, Jacques Patience – le seul homme de couleur à bord – a rejoint l’équipage peu avant le départ. Mais l’homme, déchiré par une toux incessante, est manifestement malade. Et, bientôt, se fait porter pâle…
Mettant ses pas dans ceux de Conrad, Renaud De Heyn explore toute la palette des réactions de l’équipage face aux événements et fait ressortir, alors que se succèdent les péripéties parfois dramatiques du voyage (tempête, famine, mutinerie, etc.), la promiscuité et la dureté des conditions d’existence des marins. L’intrigue révèle également, au fil des pages, la relation complexe qu’entretiennent ces hommes rudes avec la perspective de leur mort.
De brillants premiers pas au sein du catalogue Casterman, et une touche graphique très personnelle qui ne passera pas inaperçue.