« Au soleil la nuit », un roman de Rose-Marie François

On sait de Rose-Marie François l’art de la nouvelle et du roman, la jubilation du multilinguisme, le goût de la fiction qu’elles soit poétique ou romanesque, l’attraction pour les régions nordiques. Dans ce roman, « le premier thriller de Rose-Marie François » nous apprend le site de l’éditeur…, au titre polysémique, Au soleil la nuit , elle évoque et entrelace les différentes facettes de son art, celui de raconter. Prenant la forme d’un roman policier, ou à tout le moins d’un roman-enquête, l’histoire que Rose-Marie François nous narre ici, se dévoile petit à petit. Un enquêteur d’une compagnie d’assurance, Pär Håkansson, vient recueillir auprès de Marie-Anne la meilleure amie de la victime (Marie-Jeanne) d’un accident mortel survenu en Suède. A bord de la voiture précipitée dans un lac se trouvait aussi un auto-stoppeur, Björn, seul survivant et seul témoin du drame. A partir de là, et on ne peut en dévoiler davantage sans « spoiler » ce qui est l’énigme du récit, Rose-Marie François trace le portrait de deux jeunes femmes à la fin des années 60, époque du féminisme naissant.

Au fil du récit, la romancière révèle les personnalités véritables de chacun des protagonistes de cette histoire, nous réservant au fil des chapitres, des surprises qui culmineront dans les dernières pages du volume par la révélation de ce qui s’est passé vraiment là-bas, au Nord de la Suède et qui a ôté la vie de Marie-Jeanne. Pour arriver à ce point d’orgue se sa narration, Rose-Marie François déploie avec sensibilité les références musicales et théâtrales (ainsi Le cercle de craie caucasien de Brecht) mais développe comme autant de variations sur une ligne mélodique, la nécessité de la fiction comme instrument de compréhension de l’humain, l’évidence de ce que tout fiction parle de soi. En insérant dans le roman des nouvelles écrites par Marie-Jeanne, et en tentant d’y identifier qui a vraiment été son amie, Marie-Anne, Rose-Marie François accoste à cette vérité que seule permet la fiction, quelles qu’en soient les formes, les langues, les genres littéraires.

A lire ce récit, on ressent la jubilation de la romancière devant l’instrument de l’écriture, jubilation qu’elle offre en partage au lecteur.

Jean Jauniaux, le 16 mai 2021.

Nous avons rencontré Rose-Marie François en interview « zoom », l’occasion nous a été ainsi donnée de l’interroger sur les thèmes qui traversent l’ensemble de son oeuvre, comme nous l’avions fait déjà, il y a quelques années, à l’occasion de la parution de son roman, L’aubaine . Interview toujours accessible bien sûr, sur L’ivresse des livres.

Sur le site de l’éditeur:

C’était au temps des hippies, du flower power. Au temps de la libération des mœurs. Un libre accès à la contraception, longtemps réprouvée ou médicalisée, était une revendication majeure. Les Beatles et les Rolling Stones planaient à leur apogée. Mai soixante-huit essaimait à travers l’Europe : « Interdit d’interdire ! » Sur les scènes de New-York et de Londres, on chantait Hair en priant à tue-tête de laisser entrer le soleil : Let the sunshine in !

« Aux vacances de l’été 1969, deux jeunes profs, amies proches, voyagent chacune de son côté. Marie-Anne, plein Sud, part avec son orchestre à travers le Sahara. Marie-Jeanne décide d’atteindre seule le Cap Nord, d’où elle ne reviendra pas vivante. Accident mortel ? Suicide ? Meurtre ?
L’inspecteur Pär Håkansson a l’idée de se servir des écrits de la défunte pour faire lumière sur l’affaire. Marie-Anne devra, bon gré mal gré, l’assister dans son enquête. »