Bicentenaire de la naissance de Baudelaire: « Les Fleurs du Mal » dans une édition de Folio-Classique illustrée

Quelles belles occasions nous donnent les jubilés pour (re)découvrir les classiques et vérifier combien ils nous sont indispensables. Mathieu Trautmann orne de ses photographies « polaroïd » la réédition des poèmes de Baudelaire. Dans cette édition dont on rêve de voir se multiplier les titres, Les fleurs du mal nous enchantent.

Ce sont vingt photographies qui illustrent cette édition en tirage limité chez Folio

Blanche Cerquiglini décrit avec justesse cette symphonie où les fleurs belles et effrayantes,vivantes et déjà décomposées, dansent avec la mort. Elle nous dit le choix éditorial qui a présidé à cette publication: Nous avons choisi de donner ces poèmes sans commentaires, tels que les ont découverts les contemporains de Baudelaire, ces hommes et ces femmes des années 1860. Nous souhaitons recréer le même choc – esthétique, intellectuel, visuel, – selon le principe de la confrontation ou de la correspondance, qui est celui du poète.

L’introduction nous donne aussi de précieux éclairages sur le travail du photographe, sa technique qui s’apparente à l’artisanat de la prise de vue des premiers appareils (exigeant longs temps de pose, nécessitant le choix irrévocable de cadrages..). Outre ces contraintes et leur prolongement esthétique, Trautmann choisit ses modèles, les fleurs, « dans les parcs, les jardins, et parfois même celles qu’il ramasse dans les poubelles du cimetière » nous précise la directrice de la collection, en lui laissant le dernier mot de son introduction: « Les fleurs qui ont vécu dehors expriment bien plus de choses que celles qu’on trouve chez les fleuristes. Elles ont connu le froid, le vent, la pluie ou le soleil, elles ont en elles une réelle force. Je les choisis, les rapporte dans mon studio, les installe, puis j’engage un dialogue avec elles jusqu’à immortaliser ce qu’elles ont à me dire. »

Ainsi nous sont dédiées, comme Baudelaire les dédia naguère à son « très vénéré maître et ami Théophile Gautier », ces Fleurs du Mal. Ainsi nous est donnée à nouveau cette « Harmonie du soir », pour be citer qu’un seul fragment de ces bouquets somptueux: Voici venir les temps où vibrant sur sa tige/ Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir/ Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir;/Valse mélancolique et langoureux vertige/

Jean Jauniaux 3 avril 2021

L’occasion nous est ici donnée de rappeler les biographies de Baudelaire, Rimbaud et Verlaine parues dans la collection FOLIO-Biographies, tous livres signés Jean-Baptiste Baronian que nous avions interviewé à la sortie de ces livres désormais « classiques » . Ces interviews sont toujours accessibles bien sûr sur le site de « L’ivresse des livres »

Sur le site de la biographie de Baudelaire par JB Baronian:

«Toutes les beautés contiennent, comme tous les phénomènes possibles, quelque chose d’éternel et quelque chose de transitoire, – d’absolu et de particulier. La beauté absolue et éternelle n’existe pas, ou plutôt elle n’est qu’une abstraction écrémée à la surface générale des beautés diverses. L’élément particulier de chaque beauté vient des passions, et comme nous avons nos passions particulières, nous avons notre beauté.» 
Charles Baudelaire (1821-1867) reste une des personnalités les plus contradictoires de l’histoire de la littérature. Novateur dans sa poésie et dans son approche de l’art et de la musique, défenseur farouche de la liberté des mœurs, il dénigre le progrès et méprise le peuple. Sa vie, à la fois fastueuse et misérable, dissolue et magnifique, pitoyable et éblouissante, est celle d’un paria de génie.

Sur le site de Folio- Classiques :

Esprit vagabond, toujours mobile, Baudelaire explore les dédales de la conscience. Tantôt il atteint à l’extase, tantôt il se perd dans les abîmes du péché. Par ses poèmes, il nous fait partager le drame qui se joue en lui, qui est celui de la tragédie humaine. Premier poète moderne, Baudelaire donne à la poésie sa véritable dimension : exprimer, par-delà les mots, ce vertige absolu qui s’empare de l’âme. Tout chez lui, en lui, affirme la nécessité de la souffrance, la fatalité du péché, et la rédemption par l’amour. Baudelaire fait des Fleurs du Malun immense poème de la vie et du monde.

« Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe ?
Au fond de l’inconnu, pour trouver du nouveau ! »