Nouvelle venue dans la bibliothèque des Editions Lamiroy, le magazine mensuel « L’article de… » complète le catalogue composé de romans, (ainsi le premier roman d’Eric Russon avait paru sous l’enseigne Lamiroy , nous l’avions interviewé alors) d’ Opuscules, – déclinés en différentes variantes (Crépuscules, Adopuscules)– et d’autres parutions, hors collections, comme le recueil de poésie de Marc Danval (Nous avions interviewé celui-ci à la parution du livre).
Les premiers volumes de L’article de … prennent place dorénavant dans les rayonnages d’ouvrages de référence littéraire. Après un Stephen King : Le plus grand écrivain du monde ? (Gorian Delpâture – octobre 2020), un Jacques De Decker : L’immortel de l’Académie royale de Belgique ( Véronique Bergen – novembre 2020), un Arno : Le roi des Belges (Thierry Coljon – décembre 2020), voici le dernier ouvrage paru, le Victor Hugo de Marc Meganck qui paraît en janvier de cette année et évoque Les années d’exil et d’écriture à Bruxelles.
La collection est dirigée par Maxime Lamiroy, écrivain, spécialiste et passionné de littérature et langue russes (que nous avions rencontré aux premiers jours de la nouvelle maison d’édition Lamiroy lancée par son père, Eric Lamiroy ). Il a d’ailleurs créé une passionnante collection dédiée à la littérature russe Kniga.
« Magazine littéraire mensuel »: c’est sous cette qualification qu’apparaît la série L’article de…. Il s’agit bien de cela en effet. Mais il convient de donner au mot « littéraire » une double destination. Est ainsi décrit le sujet de la parution, mais aussi sa façon, littéraire, d’aborder les portraits d’écrivains aussi variés que ceux qui les évoque dans ces textes courts, au format familier.
Le Victor Hugo de Marc Meganck confirme cette observation à la lecture de ce récit allègre qui nous fait le récit des séjours à Bruxelles et en Belgique de celui qui viendra achever à Waterloo son œuvre maîtresse, Les Misérables.
Nous ne citerons pas ici les épisodes et les lieux que nous raconte Meganck , mais nous vous laissons découvrir ceux-ci et nous faisons le pari que, comme nous, vous emporterez avec vous ce livre de petit format, en guise de guide-conteur. Gageons aussi que vous aurez à cœur de lire – ne fut-ce que quelques pages – de celui qui fit publier en Belgique un des plus grands monuments de la littérature, Les Misérables.
Voici comment le directeur de cette nouvelle collection présente le volume 4 de la série: La Belgique est une terre d’exil, où vit le peuple d’Oubli. L’article de Marc Meganck ne nous remémore pas les instants passés de Victor Hugo à Bruxelles, il nous les conte et nous les entendons pour la première fois. Ces noms de rues familières du centre, animées autrefois d’êtres médiévaux et de sentiments révolutionnaires, la vindicte populaire belge, les banquets aristocratiques de l’impasse du Parc, et l’architecture éblouissante de Sainte-Gudule, de la Grand-Place ou des Galeries royales Saint-Hubert que nous ne pourrons jamais apprécier avec les yeux enchantés du premier touriste, toutes ces choses nous entourent et sont une partie de nous. Il est grand temps d’enlever le voile centenaire d’incuriosité dont nous avons recouvert notre tête et notre pays.
Permettez-nous de nous souvenir de l’interview de Victor Hugo (lui-même en personne… sourions-nous) que nous avions enregistrée naguère. La voix de Hugo était celle de Jean Lacroix, qui avait composé le texte de cet entretien dont les réponses étaient extraites de textes de l’auteur de Choses vues. Nous avions posé les questions laissant à Jean Lacroix la voix de Hugo évoquant l’Union européenne, la monnaie unique, et le regret d’avoir appris la destruction de l’Hôtel des Colonnes, où il séjournait à Waterloo lorsqu’il vint y terminer le récit de la bataille que l’on peut lire dans Les Misérables. Inépuisable source de réflexion, Hugo démontrait une nouvelle fois les fulgurances de sa pensée visionnaire et de son engagement.
Edmond Morrel, le 8 janvier 2021
Sur le site de l’auteur, l’écrivain et historien Marc Meganck se présente ainsi:
La déambulation urbaine, le voyage, le microcosme des bistrots de quartier où j’écris, où j’observe notre humanité. La quête des origines, la nôtre et celle des lieux qu’on occupe, qu’on pratique au quotidien. Les villes, ce qu’elles produisent de meilleur et de plus détestable. L’ombre et la lumière. La fureur et le silence qui suit. Les mots qui sauvent ou désarçonnent. La littérature au sens large et libre. Une révolte intérieure et un désarroi face à ce monde fou. Voilà quelques-uns de mes thèmes de prédilection. Le tout au subjectif…
La Belgique est une terre d’exil, où vit le peuple d’Oubli. L’article de Marc Meganck ne nous remémore pas les instants passés de Victor Hugo à Bruxelles, il nous les conte et nous les entendons pour la première fois. Ces noms de rues familières du centre, animées autrefois d’êtres médiévaux et de sentiments révolutionnaires, la vindicte populaire belge, les banquets aristocratiques de l’impasse du Parc, et l’architecture éblouissante de Sainte-Gudule, de la Grand-Place ou des Galeries royales Saint-Hubert que nous ne pourrons jamais apprécier avec les yeux enchantés du premier touriste, toutes ces choses nous entourent et sont une partie de nous. Il est grand temps d’enlever le voile centenaire d’incuriosité dont nous avons recouvert notre tête et notre pays.
Extrait
Île de Guernesey, 49°27’ nord, 2°35’ ouest. Fin mars 1861. Victor Hugo est dans son look out, la grande verrière panoramique de sa somptueuse demeure, Hauteville House. Il ne se lasse pas de la vue sur Saint-Pierre-Port : les jardins qui descendent vers la mer, la baie où il va régulièrement se baigner, le port protégé par le château Cornet, au loin les îles d’Herm et de Jéthou, plus loin encore celles de Sercq, Aurigny et Jersey, et par temps clair, les côtes de France à l’horizon… Et c’est le cas aujourd’hui. La météo est clémente. Le large, l’infini, la lumière. Tout est réuni pour l’évasion, le voyage intérieur, la littérature.
Ayant fui Bruxelles en 1852, Victor Hugo est arrivé à Guernesey le 31 octobre 1855, après un séjour de quelques années à Jersey d’où il a été expulsé. Voilà dix ans qu’il est frappé de proscription, depuis ses attaques virulentes contre Napoléon III et le Second Empire. Pourquoi les îles anglo-normandes ? Parce que s’il a choisi de se mettre sous la protection de l’Angleterre, Hugo n’a jamais voulu s’établir à Londres avec les autres proscrits français parmi lesquels régnait une trop grande mésentente. Il incarnera la République seul sur « son rocher », assumant sa posture d’écrivain en exil.