Pierre Mertens est à n’en pas douter un des écrivains majeurs de la littérature francophone contemporaine. Il entra en littérature avec « L’Inde ou l’Amérique », un premier roman qui lui valut d’emblée les honneurs du Prix Rossel, mais surtout l’assise intellectuelle inestimable que représentait pour lui le soutien de Jean Cayrol, son premier éditeur et, sans doute, son « découvreur » comme on dit des chercheurs de trésors.
Depuis, il ne cessa d’alterner œuvres littéraires et travaux universitaires en matière de droit international, sa spécialisation professionnelle, dans laquelle il fut un intellectuel engagé pour toutes les causes où le droit humain était menacé. Son œuvre est publiée pour l’essentiel aux Editions du Seuil
Jacques De Decker et Pierre Mertens se connaissent depuis si longtemps qu’ils craignent parfois l’un et l’autre de se répéter lorsqu’ils se livrent à l’exercice de la conversation publique sur leurs œuvres respectives.
Ce serait faire peu de cas de ce qui caractérise De Decker et que l’on escamote trop souvent derrière les multiples facettes de l’intellectuel le plus kaléidoscopique qui soit : il est écrivain avant tout. Que ce soit dans son travail de critique, de pédagogue, de traducteur,de dramaturge, de romancier ou de biographe (comme on l’a vu dans son récent « Ibsen » et comme on le verra davantage encore dans le « Wagner » qui paraîtra cet automne chez Gallimard), il est et reste dans l’essence même de son travail un écrivain.
C’est sans doute là qu’il faut chercher ce qui a éveillé, dans l’échange qu’il a eu avec Pierre Mertens ce lundi 20 avril, à la bibliothèque Wittockiana à Bruxelles, une sorte d’exégèse à deux voix de l’œuvre de l’un éclairée, révélée par le questionnement du second. Cette rencontre avait lieu au sein même de l’exposition qui est consacrée à l’auteur de « Perasma » et de « La Paix Royale ». On peut y voir la bicyclette, objet déclencheur de ce dernier roman, ainsi que des journaux « intimes » du jeune Pierre Mertens, déjà écrits en fiction… L’exposition a également donné lieu à la publication d’un ouvrage réalisé sous la direction de Marie-France Renard et intitulé « Pierre Mertens ou la comparution de l’enfance ». (Editions De Boeck/ Larcier) où un album de photographies et une bibliographie complète vient compléter les analyses et textes des contributaires, parmi lesquels Bernard Maingain, Marc Quaghebeur et une très sensible chronologie de Monique Dorsel
A ré-écouter l’enregistrement, au moment de le mettre en ligne sur Espace Livres, nous nous sommes mieux rendu compte de cette inouïe capacité d’investigation d’une œuvre que permet l’échange entre deux confrères en écriture, qui plus est deux amis, mais surtout deux pairs en littérature.
On rêverait qu’il y eut toujours un micro pour enregistrer et faire partager les échanges de cette qualité-là.
C’est peut-être la fonction première de la radio qui, grâce à la technologie internet, donnera accès à un patrimoine littéraire fait de ces échanges entre écrivains qui ne cessent de s’interroger sur leur art.
Edmond Morrel
Pour en savoir davantage sur ces deux écrivains, allez visiter le site de BELA
BELA c’est Le site BELA a été créé à Bruxelles par l’association Maison des Auteurs, avec le soutien de deux sociétés d’auteurs, la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques) et la SCAM. (Société civile des auteurs multimédia).
BELA :« un projet collectif, né à l’initiative des auteurs. Le site accueille des créateurs de différents domaines (Littérature – Bande dessinée – Littérature jeunesse – Arts graphiques – Théâtre – Danse – Arts de la rue – Cirque – Cinéma – Vidéo – Radio – Télévision – Fiction – Documentaire – Multimédia).
Vous y trouvez des informations sur leur vie et leur travail, mises à jour régulièrement. Vous pouvez accéder à des oeuvres ou extraits d’oeuvres disponibles gratuitement ou pas. »
Sur BELA vous pouvez consulter la page consacrée à Jacques De Decker et celle consacrée à Pierre Mertens.