Ecoutez Christopher Gérard au micro d’Edmond Morrel

Les grandes villes du monde ont « leur » écrivain. Dublin, New-York, Berlin, Le Caire pour ne citer qu’elles. La capitale de l’Europe a longtemps été boudée par les romanciers qui préfèrent situer outre-Quiévrain leurs inventions romanesques.

De livre en livre Christopher Gérard est peut-être en train de devenir l’écrivain de Bruxelles, avec un « E » majuscule.

Son dernier roman s’inscrit avec originalité dans le sillage de « Aux Armes de Bruxelles » et « Porte Louise ». Avec « Vogelsang ou la mélancolie du vampire » il ré-invente aussi un genre littéraire. Avec humour, – une ironie mordante oserait-on dire après cet entretien-, avec style, avec une imagination débridée et une liberté jubilatoire, Christopher Gérard enchante le lecteur qui suit, hypnotisé, sa horde de vampires qui hante les nuits de Bruxelles et se met en chasse du gibier noctambule tout en évoquant l’histoire glorieuse de leur lignage. Gérard peut ainsi s’amuser à raconter la prise de Constantinople !

Le romancier renouvelle le genre « vampire » : pas de mort-vivants, mais des « long-vivants », pas de blancheur gothique de la peau, mais une adaptation constante à la modernité pour Laszlo le Délicat comme ses congénères Rodica la Féroce et Cyrille le Hardi.

Plongez-vous toutes affaires cessantes dans ce palpitant roman, superbement écrit, ironique et jubilatoire, paru dans « Petite Belgique » une collection de référence d’écrivains belges.

Edmond Morrel

Sur le site de l’éditeur :

« La battement du sang dans ses veines devenait assourdissant, au point qu’une abondante salive coula sur le menton de Laszlo. Assez attendu. D’un coup sec, il planta ses canines dans la carotide offerte. La proie tressaillit : ultime frétillement. Libéré, le sang gicla avec force dans sa bouche et sur sa poitrine, suscitant en lui une atroce jouissance. Alors qu’il s’abreuvait à grands traits, Laszlo sentait décupler ses facultés. Â chaque nouvelle gorgée, la fatigue et jusqu’à l’idée même de lassitude s’évanouissaient. Chaud, salé et délicieusement visqueux, le sang coulait dans sa gorge, emplissait son estomac, régénérait un organisme séculaire. Dans sa mémoire, des images se bousculaient en désordre : ses premières victimes à Dymovo sous l’aimante conduite de Théa, une charge dans la neige avec les cosaques, une fin de nuit le long de la rue Morskaïa, un couple surpris au bois de Boulogne et saigné séance tenante…
Quand il se releva, empli d’une nouvelle vie, Laszlo eut un hoquet. Le trop-plein, sans doute. Un zeste de nicotine ? Le vague dégoût qui lui était venu depuis sa dernière dormition et dont il préférait ne pas parler aux autres ? »
Dandy, mélomane, Laszlo vit et tue à Bruxelles dans le souvenir du Paris de Louis-Philippe, du Moscou d’avant la Révolution. Sa rencontre avec une mortelle lui fera découvrir les affres de l’amour et scellera son destin, Conte intimiste et philosophique, Vogelsang rénove en le subvertissant le mythe littéraire du vampire.

Né à New York en 1962, Christopher M. Gérard a étudié les langues anciennes à l’université de Bruxelles. Il a publié trois romans, Le Songe d’Empédocle (Prix E. Martin), Maugis et Porte Louise. Son récit, Aux armes de Bruxelles, a été couronné par l’Académie royale de langue et de littérature française.