De Soline de Laveleye on connaît les textes courts qu’elle publie régulièrement dans la revue MARGINALES, les poèmes et les textes dramatiques. Avec « La Chambre », elle nous invite à entrer dans une pièce blanche, en suivant le fil d’Ariane que déroule Gaëlle de Laveleye, sa sœur cadette qui est aussi une remarquable complice d’illustration. L’auteure se livre aux entrelacements d’extraits du journal imaginaire d’une certaine A. et des phrases dites par la narratrice. Nous entrons dans une chambre blanche, dans l’inconnu, dans le mystère que peut-être les mots parviendront à élucider. Et s’ils n’y arrivent pas, ce seront les cris dessinés qui prendront le relai ? Ou alors, le mot qui clôt ce récit hypnotique : « pourquoi » ?
Laissez-vous entraîner dans cette rêverie envoûtante, composée à quatre mains. Chacune des deux auteures, avec ses armes et ses langages, tente à n’en pas douter de désincarcérer l’indicible.
Edmond Morrel
Présentation sur le site de BELA
La chambre est celle de l’enfermement, à la fois cellule d’unité psychiatrique et espace mental de l’aliéné, où viennent se cogner les images et les mots. C’est aussi la chambre d’écoute, lieu de résonance où se déploie l’écriture, la page blanche où sont tracés les phrases et les traits qui attesteront d’une existence, pour contrer l’oubli et l’effacement – la dilution d’un être.
La Chambre propose un texte multiple, éclaté entre les mots et les blancs, les lignes et les taches, la figuration et la suggestion, qui forme pourtant un seul mouvement, et livre ainsi au lecteur une parole écorchée, toujours au bord de l’essoufflement, mais qui ne renonce pas au récit, dans une tentative aigue d’échapper à la dissolution complète, à l’extinction blanche de la chambre d’enfermement.