Les « Etats d’âme » de Francis Van de Woestyne.

Ils sont trente-six à avoir confié leurs « états d’âme » à Francis Van de Woestyne. Du moins, ce sont ceux-là que le rédacteur en chef de La Libre Belgique a réunis dans un ouvrage que viennent de publier Les Impressions Nouvelles. Un livre passionnant, dont les trente-six entrées sont autant de fenêtres ouvertes sur les jardins secrets d’hommes et de femmes que l’on connaît parce que leur activité ou leur actualité les a placés sur le devant de la scène médiatique. Le journaliste a voulu aller avec eux plus loin, ailleurs, au-delà des apparences.

Le livre s’ouvre sur un exergue de François Cheng (qui apparaît aussi parmi les « Etats d’âme ») : « l’esprit se meut, l’âme s’émeut/ l’esprit raisonne, l’âme résonne ». Deux vers qui nous indiquent le projet de Francis Van de Woestyne dont le premier titre était « L’âme en coulisse ». Dans l’introduction, dédiée à Victor, son fils décédé accidentellement le 4 novembre 2016, Francis Van de Woestyne raconte la genèse de cette série d’entretiens qu’il publiera tous les quinze jours dans les colonnes de La Libre Belgique. La mort de Victor amène le journaliste à modifier radicalement son approche du journalisme et à « comprendre les fondements de l’engagement, les motivations des personnalités dans leur travail, dans leur vie. (…) savoir ce qui les a construits. ». On verra à la lecture de ces trente-six entretiens la récurrence de certaines questions. Le journaliste s’en explique dans la préface : « J’aime savoir ce qui les a construits. les de ces rencontres, je m’attarde aussi sur la vie spirituelle de mes invités et invitées: quel est pour eux le sens de la vie, de la mort. (…) Je les invite à se raconter, je les pousse à évoquer les valeurs qui les animent, je les confronte aux défis de notre temps. »

Francis Van de Woestyne nous livre ici une nouvelle approche du journalisme d’investigation, l’investigation de l’âme, qui, à travers ces interstices de lumière que nous dévoilent ses interlocuteurs et interlocutrices, nous aident à aller au-delà de l’actualité, de l’immédiateté, de la surface des choses et des êtres. En ne s’épargnant jamais de s’interroger sur l’énigme de l’âme ce livre est un indispensable instrument d’appréhension de la complexité des êtres et de leurs destins singuliers, qui nous aide à construire le nôtre, comme , sans doute, il a contribué à aider Francis Van de Woestyne à traverser le sien.

Nous avons rencontré Francis Van de Woestyne et tenté, nous aussi, de « chercher l’homme derrière l’oeuvre ou l’action. »

Jean Jauniaux, le 11 mars 2022

On ne peut évoquer le travail de Francis Van de Woestyne sans évoquer le « Fonds Victor » , qu’il a créé avec son épouse Patricia Vergauwen.

Sur le site de La libre Belgique, le lecteur peut découvrir l’ensemble des « Etats d’âme » agrémenté d’extraits video. Dans ces derniers, il propose à ses invités de répondre au questionnaire de Proust…

Sur le site des Impressions Nouvelles:

« Francis Van de Woestyne a invité philosophes, écrivains, artistes, femmes et hommes politiques, journalistes, scientifiques, à lui confier leurs états d’âmes. Ces conversations révèlent les origines, les parcours, les engagements, les convictions mais aussi, surtout peut-être, les doutes de chacune et chacun. Après avoir proposé l’exercice à diverses personnalités politiques (Jack Lang, François Hollande, Jean-Claude Juncker, Alexander De Croo, Louis Michel…), Francis Van de Woestyne a sondé les âmes de François Cheng, Pascal Bruckner, Bernard-Henri Lévy, Michel Serres. Ont suivi des écrivains (Amélie Nothomb, Delphine de Vigan, Daniel Pennac, Éric-Emmanuel Schmitt…), des personnalités des médias (Alain Duhamel, Anne Sinclair…), des religieux et des chercheurs (Gabriel Ringlet, prêtre et écrivain, Delphine Horvilleur, rabbin, Rachid Benzine, islamologue), des scientifiques, comme le docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, des artistes (Alain Delon, Salavatore Adamo, Francis Cabrel) ou encore des inclassables, comme Nick Rodwell, patron de la société Moulinsart. Il est étonnant, et finalement rassurant, de constater que des personnalités, parfois très éloignées philosophiquement, politiquement, se retrouvent sur des thèmes fondamentaux. Comme si, malgré les divergences, la recherche du sens de la vie était un objectif commun aux femmes et aux hommes. »