« Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres! »

En quatrième de couverture de la somptueuse édition chez MIJADE de La ferme des animaux de George Orwell, la formule célèbre de l’écrivain britannique suffit à donner (ou nous rappeler)le ton de cette fable: un roman court racontant la révolte des animaux d’une ferme anglaise contre l’agriculteur qui leur inflige des traitements inacceptables. Les animaux de la ferme s’organisent, et bien vite, certains (les cochons) prennent le pouvoir et instaurent un système dictatorial féroce. Publié en 1945, le roman d’Orwell était une satyre impitoyable du régime soviétique, et en particulier de l’exercice du pouvoir par Staline (auquel ressemble le cochon Napoléon, maître auto proclamé de la ferme…)

Voilà pour le roman, un classique de la littérature que les Editions Mijade ont la bonne idée de republier dans une traduction (magnifique) signée de Jean Quéval, (qui est journaliste, écrivain, résistant, scénariste, membre de l’Oulipo…).

En confiant à Quentin Gréban le soin d’illustrer cette édition grand format, les Editions Mijade donnent à l’oeuvre d’Orwell, une dimension nouvelle, qui stimule l’envie de (re)lire ce livre et d’en découvrir une imagerie vertigineusement belle. Les illustrations – toutes à l’aquarelle- sont à couper le souffle, en particulier les double pages dont chacune est un véritable tableau de maître – . L’art de Quentin Gréban semble avoir trouvé dans l’univers agricole orwellien une source inépuisable d’inspiration. Certains images sont des jeux de nuances et de lumière que l’aquarelliste utilise pour rendre plus vivants et expressifs les visages des animaux. Il y a des intérieurs de grange, éclairés à la manière des maîtres hollandais; il y a des extérieurs, comme cette tempête de neige qu’affronte le malheureux cheval de trait, qui sont bouleversants de vérité et d’émotion. Quant aux animaux, ils ont chacun une personnalité si expressive que leurs caractères semblent se lire d’emblée dans le regard de chacun d’eux, des plus imposants (le chaule, l’âne, ) aux plus modestes (la basse-cour). Bien sûr, les cochons sont les protagonistes centraux de cette histoire qui donne froid dans le dos tant elle est le sinistre miroir d’une réalité de l’époque (le stalinisme) dont les reflets ne manquent pas de rappeler à notre conscience combien ils sont encore actuels.

Précipitez-vous pour relire ce classique et admirer les illustrations magistrales de Quentin Gréban.

Nous l’avons interviewé dans la galerie Marc by H&B où sont exposés les originaux des aquarelles de La ferme des animaux. Interview en ligne sur souncloud:

https://soundcloud.com/user-352723019/la-ferme-des-animaux-de-georges-orwell-illustree-par-quentin-greban?si=f6010eb0b03b4ec09b96bf1435af9cbe

En effet, vous pouvez découvrir les originaux (ainsi que des inédits) aux cimaise de la galerie bruxelloise: Galerie Marc by H&B où les oeuvres originales illustrant le livre seront exposées jusqu’au 31 octobre 2021. Nous reviendrons bientôt dans cette galerie pour y rencontrer Marc Breyne et évoquer avec lui la manière dont il a fait de ce nouveau lieu une galerie incontournable …

Jean Jauniaux, le 17 octobre 2021