# Ashraf : une soirée PEN/BOZAR consacrée à « l’écriture en temps de guerre et de dictature » dédiée au poète palestinien Ashraf Fayad
PEN. Un mot anglais qui signifie stylo. PEN. Trois lettres qui sont les initiales en anglais désignant celles et ceux dont cette association internationale s’efforce de préserver, de garantir, de restituer le droit à la liberté d’expression. Ecrivains, essayistes , poètes, scénaristes, blogueurs, journalistes, traducteurs toutes celles et ceux qui, à leurs risques et périls, continuent de s’exprimer, de penser hors de la contrainte, de rêver une poésie libérée du dogme, sont les protagonistes involontaires d’une solidarité internationale qui les relie à leurs pairs écrivains et à la communauté universelle des femmes et hommes de bonne volonté.
Pour PEN, il s’agit donc d’évoquer la pensée et la fiction, l’essai et le roman, la philosophie et le théâtre, l’information et la bande dessinée, quels que soient les supports sur lesquels ils sont produits, diffusés et hélas censurés.
Le 16 novembre à 20h à BOZAR une soirée sera consacrée à Ashraf Fayad, poète palestinien condamné à 800 coups de fouets et 8 ans de prison pour apostasie : irtidād ou le rejet de la religion islamique par un musulman, par le fait de renier sa foi publiquement, d’insulter Dieu ou les prophètes de l’islam ou de professer des dogmes hétérodoxes.Retour ligne automatique
L’arme du crime … un clavier où a aussi été dactylographié l’article 19 de la déclaration des droits de l’homme : Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit.
Il n’y a pas que l’Arabie Saoudite. Si nous effleurons d’un souffle la carte du monde, nombreux seront les espaces où la liberté d’expression n’est pas un droit respectable et respecté. Parmi d’autres citons les noms de Corée du Nord Libye Birmanie Guinée équatoriale Érythrée Somalie Soudan Turkménistan Ouzbékistan Tibet Syrie Biélorussie Tchad Chine Côte d’Ivoire Cuba Laos Arabie Saoudite Ossétie du Sud Sahara occidental . Parmi d’autres.
La promotion de la littérature et la protection du droit à la liberté d’expression – la liberté d’exprimer des idées sans crainte d’attaque, d’arrestation ou autre persécution – est au cœur des activités de PEN International depuis sa création en 1921. Retour ligne automatique
On aurait aimé qu’une association comme Pen soit devenue obsolète, que les informations ne nous égrènent plus la lancinante énumération des atteintes à la liberté d’expression, des arrestations arbitraires de femmes et d’hommes qui ont usé de leur droit le plus fondamental, celui d’exprimer et de partager leur vision du monde.
Hélas ! Il n’est pas un jour, pas une heure qui ne nous donne son terrible inventaire de celles et ceux qui, par la fiction, la poésie, le théâtre, l’essai, l’analyse, sur des supports aussi variés que le livre traditionnel, ou les multiples écrans reliés à la grande toile de l’internet, ont voulu raconter, dire, donner à penser, imaginer et se sont retrouvés, pour cette raison-là, victimes de l’arbitraire.
Il ne faut pas réserver notre vigilance aux plus lointains des pays. Les espaces de liberté et de création sont fragiles, ils demandent de tout temps, partout, une attention constante, si nous voulons pouvoir encore entrer dans les univers qui réinventent le monde, donnent à penser, entretiennent le rêve, nourrissent la curiosité envers l’autre, ces univers là qui existent grâce aux livres.
Pourquoi ne pas évoquer ici quelques uns des grands noms de PEN, y compris des Prix Nobel de littérature, depuis sa création en 1922… Toni Morrisson, William Faulkner, Nadine Gordimer, Arthur Miller, Wole Soyinka, Samuel Beckett, Paul Valery, Anna Politowskaia, Margaret Atwood, JK Rowling, Bertolt Brecht, Robert Musil, HG Wells, Arthur Koestler, Paul Auster, Ernest Hemingway, parmi d’autres…
A quelques jours de la soirée que coorganisent PEN Vlaanderen, PEN Belgique francophone, Bozar et Hart boven Hard nous avons rencontré Ali Bader qui participera au débat sur « Les écrivains en temps de guerre et de dictature ». Le célèbre écrivain irakien Ali Bader a écrit un plaidoyer sur l’écriture en temps de guerre et sous la dictature. Celui-ci appelle à une révolution culturelle dans le monde arabe. Un débat aura lieu avec d’autres écrivains parmi lesquels l’érythréen Sulaiman Addonia.
Ce même soir des écrivains belges et étrangers rendront hommage à l’écrivain emprisonné en présentant un recueil de poèmes qui lui est dédié sous le titre de « 16 fois 50 mots pour Ashraf Fayad » . Ces poèmes sont signés Fatena Al-Ghorra, Sven Cooremans, Charles Ducal, Annemarie Estor, Corinne Hoex, Peter Holvoet-Hanssen, Karel Logist, Caroline Lamarche, Peter Theunynck, Laurence Vielle, Bart Vonck, Sam Joris ainsi que de Jean Jauniaux, président de pen Belgique francophone et Joke Van Leeuwen présidente de Pen Vlaanderen.
Rendez-vous mercredi 16 novembre, 20 heures à BOZAR à Bruxelles
Edmond Morrel, Bruxelles, le 14 novembre 2016
Nous avons rencontré Ali Bader à l’occasion de la sortie de son deuxième roman traduit en français : « Vies et morts de Kamal Medhat » Retour ligne automatique
Traduit par : Houda Ayoub et Hélène Boisson
En voici la présentation sur le site du Seuil :
Dans le déchaînement de violence que connaît Bagdad en 2006, un assassinat comme celui-ci aurait presque pu passer inaperçu… Sauf que le corps que l’on a retrouvé sur une rive du Tigre appartient au célèbre violoniste et compositeur irakien Kamal Medhat. Qui l’a tué ? Pourquoi ? Nul ne le sait. Et le parcours tumultueux du musicien, qui a vécu sous différents cieux, noms et identités, achève de brouiller les pistes. Un journaliste irakien – le narrateur – est chargé par un quotidien et une agence de presse internationale de mener l’enquête en sous-main. C’est le début d’un long voyage sur les traces de l’artiste, entre Bagdad, Amman, Damas et Téhéran, entre passé et présent, du pogrom de Farhoud, en 1941, aux terribles années 2000, en passant par la révolution iranienne, la dictature de Saddam Hussein et les guerres du Golfe.
Après son truculent Papa Sartre (Seuil, 2014), Ali Bader s’attaque dans ce roman aux questions de la violence, de l’histoire et des identités au Moyen-Orient, en s’insurgeant contre les logiques d’assignation communautaires auxquelles, ici et là, sont soumis les individus.
A propos de « Papa Sartre » sur le site du Seuil :
Traduit par : May A. MahmoudRetour ligne automatique
Bagdad, tournant du millénaire. Un écrivain besogneux est chargé par deux individus assez louches d’écrire la biographie d’un certain Abdel-Rahman Shawkat. La tâche s’annonce d’autant plus ardue que ce dernier, porte-parole autoproclamé de l’existentialisme sartrien dans l’Irak des années 1960, n’a laissé aucun écrit, préférant exercer dans les cafés et les cabarets. À mesure que le biographe progresse dans son enquête et retrace le parcours tortueux de cet épigone irakien de Sartre, nombre de questions se font jour quant aux motivations profondes de ses commanditaires et aux circonstances de la mort du pseudo-philosophe.
Ali Bader dresse un tableau truculent de la société bagdadienne entre les années 1950-1960 et la fin du siècle, une fresque dans laquelle se croisent aristocrates, marginaux, marchands, danseuses de cabaret, militants trotskistes, travailleurs journaliers, ministres et intellectuels de troisième zone… Papa Sartre est à la fois une biographie fictive délirante, un roman d’enquête aux accents postmodernes et une satire des milieux intellectuels irakiens et arabes. Un récit énergique, à la fois drôle et déroutant, qui met les pieds dans le plat en abordant les délicates questions de l’identité, du savoir et du pouvoir.