La « chambre d’art » (constcamer) est le nom originel des « cabinets d’amateur », ces tableaux représentant des collections de peintures.
Pour son premier roman, André Querton, a imaginé une guerre civile dans un futur indéterminé. Les « Événements » conduisent les autorités du pays à enlever du Musée National les oeuvres d’art et à les mettre à l’abri. Le narrateur, Ignace, un ancien diplomate est chargé de veiller sur les peintures que des convois de camions apportent dans la ferme-château du Fosberg. Parmi celles-ci, un tableau de Willem van Haecht représentant le marchand anversois Cornélius van der Geest faisant visiter sa collection…
Ignace, à l’instar d’un Montaigne enfermé dans la tour de son château, écrit à la fois un journal du séjour forcé qu’il effectue au Fosberg (où il mêle des souvenirs d’enfance, méditations sur la littérature et l’art, considérations sur la diplomatie) et un récit consacré à Willem van Haecht, l’auteur de « La Chambre d’Art ».
Querton est un érudit qui use du romanesque pour entraîner son lecteur dans un livre qui aurait, à n’en pas douter, inspiré le cinéaste André Delvaux. On sait combien le cinéaste admirait Gracq et Yourcenar, deux noms qui viennent à l’esprit du lecteur de ce premier roman. On ne peut être insensible au réalisme magique dont se nimbent l’époque troublée et la géographie incertaine que nous raconte Querton. Zénon (personnage central de « L’oeuvre au noir ») et Aldo d’Orsenna (« Le rivage des Syrtes ») semblent les témoins, avec Montaigne, du destin d’Ignace qui trouvera sa place dans la bibliothèque de l’honnête homme.
Edmond Morrel