Genèse édition
Sous-titré « Journal d’un homme engagé » , portrait d’une époque, écrit et revendiqué à la première personne, le récit de Jean-Pol Baras entrelace l’évocation du demi-siècle du magazine « Le Nouvel Observateur » et l’autobiographie fragmentée de l’auteur qui en possède la collection complète. Baras est bibliothécaire dans l’âme, et il ne saurait le renier avec ce « livre-bibliothèque » auquel il nous invite. Chaque page, chaque chapitre donne au lecteur l’envie de (re)découvrir les auteurs cités, d’aller sur internet à la recherche d’une référence ou d’une biographie ; éveille aussi chez lui les souvenirs des événements évoqués qu’ils appartiennent à l’actualité internationale, culturelle et littéraire ou aux faits-divers. Mais il n’y a pas que cela chez Baras. Il raconte aussi, et ce sont les pages qui nous ont le plus touché, l’enfance à La Louvière dans les années cinquante-soixante, la mémoire d’Arsène, le père mineur, les rencontres à la Maison du Peuple – dont ses parents avaient la gérance-, l’éveil à la conscience politique et poétique, – le fantôme d’Achille Chavée traverse quelques pages du livre -… Diariste assidu (quelques privilégiés le lisent dans la discrétion voulue par Baras avant qu’il ne prenne sa retraite, mais ce cercle s’élargira bientôt aux lecteurs de la revue « MARGINALES« ), Baras ne peut plus se dissimuler qu’il est écrivain avant tout.
Ce livre, dans ma bibliothèque, a trouvé naturellement sa place entre les Guilloux, Camus et Chavée. Il y côtoie, bien sûr, les ouvrages récents, rassemblant les pages du journal de Jean Daniel. J’imagine le ravissement de ce dernier lorsqu’il se plongera dans celui-ci.
Edmond Morrel
Sur le site de Genèse Edition :
» Novembre 1964. Jean-Pol Baras a seize ans. Sous les conseils d’un ami, il acquiert le premier exemplaire du Nouvel Observateur. Il lui sera fidèle jusqu’à aujourd’hui.
Détenteur de la collection complète de l’hebdomadaire, Jean-Pol Baras parcourt ici cinquante ans d’actualité à travers les articles qui ont tantôt contribué à forger sa formation politique, tantôt alimenté ses réflexions sur la marche du monde et l’évolution de la gauche. Réflexions éclairées souvent par la pensée de Jean Daniel qui eut, de l’aveu même de l’auteur, plus d’influence sur lui que tous ses professeurs réunis.
En liaison étroite avec l’itinéraire de l’auteur, les événements les plus marquants du dernier demi-siècle sont ici revisités sous le prisme de ce fidèle compagnonnage, depuis le duel de Gaulle-Mitterrand jusqu’à l’élection de François Hollande, en passant par la chute du communisme ou la montée de l’islamisme.
Mais Le Nouvel Obs, c’est aussi de célèbres coups de cœurs littéraires, révélés par de non moins célèbres plumes ; des questions majeures de société, la peine de mort, l’avortement ou « Dieu et la science », débattues avec ferveur ; de grands événements artistiques tels les pièces de Bob Wilson ou Peter Brook ; ou les chroniques corrosives de Delfeil de Ton et François Reynaert, par exemple. Le tout bousculé par les dessins impertinents de Reiser, Sempé, Wolinski ou Wiaz.
Ce livre est l’album de famille de toute une génération, celle du baby-boom, à la fois voyage nostalgique et source de réflexions. «
Bibliothécaire, rédacteur en chef et président de plusieurs revues et institutions culturelles, Jean-Pol Baras a été secrétaire général du parti socialiste belge de 1995 à 2008, puis Délégué des gouvernements de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de Wallonie à Paris de 2008 à 2013. On lui doit plusieurs essais dont François Mitterrand un esprit européen (2006), une chronique (Journal d’un juré de campagne, 1995), une fiction (Le dernier Goncourt, 1989), et un témoignage (Pour Mai, lettre à ma fille sur le mois de son prénom, 2008).