« Trop lourd pour moi » de Daniel Charneux

Certains romans nous happent dans leur envoûtement dès la première phrase et prolongent leur envoûtement sans discontinuer jusqu’au dernier mot. Le livre de Charneux appartient à cette catégorie, rare, des ouvrages dont on se dit qu’ils ont tout le temps existé en nous. Leur lecture s’inscrivant alors dans le registre de l’évidence. Cela vient de l’écriture – ligne claire et sans faille- , de la musicalité de la phrase et de l’univers que crée le romancier autour de ses personnages. Portrait nostalgique d’un demi siècle qui débute au mi-temps des années 50 et s’achève de nos jours, le roman nous raconte la confession de Jean-Baptiste Tailandier qu’il rédige au fil du livre, sur des feuillets A4. Il dira tout. Et son souvenir retracera pour notre plus grand bonheur un cheminement dans une vie. Les lieux du récit, écrit depuis un exil andalou, sont le Hainaut, le Congo, la Belgique. La bande sonore est faite de chansons depuis « Les Roses blanches » jusqu’à « Paint it Black ». Mais ce qui fait de ce roman une création hypnotique est à n’en pas douter le personnage central, Taillandier, l’homme dépourvu de plaisir et de la capacité de l’illusion. Le romancier puise dans l’écriture de sa confession désabusée, une jubilation de raconter dont le lecteur ne peut échapper à l’enchantement. A lire : un grand livre !

Edmond Morrel, Dour, le 1 er octobre 2014

Sur le site de l’éditeur :

Si le titre Illusions perdues n’était déjà pris par un illustre romancier, il aurait pu servir à l’auteur de Trop lourd pour moi. Car Jean-Baptiste Taillandier, le protagoniste narrateur de ce récit, perdra une à une les illusions de son enfance. Né au milieu des années 50, il entre dans la vie avec la louable intention d’aider la veuve et l’orphelin. Tenté un temps par la coopération au développement, il devient finalement psychologue en milieu scolaire. Or, la satisfaction n’est au rendez-vous ni dans sa vie professionnelle, ni dans sa vie affective perturbée. Le seul havre de paix est l’enfance, où le plongent ses souvenirs heureux associés la plupart du temps à une mère aimante. Mais les êtres chers s’en vont, et Jean-Baptiste voit son univers rétrécir comme peau de chagrin. D’où la tentation de la fuite. Après avoir cherché dans le bouddhisme un refuge illusoire, il trouvera une retraite dans la solitude consentie, où il tentera de dire ce qui le ronge depuis toujours et qui était, décidément, trop lourd pour lui.