« La seconde guerre mondiale en BD » d’Arnaud de la Croix (scénario) et Vicente Cifuentes (dessin): un ouvrage indispensable!!

La seconde guerre mondiale en BD, Arnaud de la Croix et Vicente Cifuentes, 290 p., Editions Le Lombard, 2024, ISBN 978-2 8082 1245 8.

On ne répétera jamais assez combien la connaissance des grands événements qui ont fait l’Histoire contemporaine est un instrument indispensable de l’apprentissage citoyen et, entre autres, de la participation responsable aux échéances électorales. Les récents scrutins dans plusieurs pays de l’Union européenne, dont – dernier en date- la France, ou en novembre prochain aux Etats-Unis ont montré la fragilité des démocraties. Ils ont également mis en évidence l’émergence de mouvements inspirés explicitement d’idéologies totalitaires liberticides. De celles-ci, on ne peut plus dire: « Nous ne savions pas » ou « Nous n’avons pas encore essayé »…

Dans ce contexte, il est salutaire que paraissent des ouvrages comme La seconde guerre mondiale en BD. Livre d’histoire documenté, nourri des recherches les plus récentes d’historiens de référence, écrit dans un scénario limpide, dessiné et découpé avec une exigence esthétique remarquable, l’album d’Arnaud de la Croix (scénario) et Vicente Cifuentes est dès à présent un ouvrage de référence.

Ecrivain, philosophe et historien, Arnaud de la Croix est l’auteur de plusieurs romans graphiques consacrés à l’histoire. On se souvient de La franc-maçonnerie dévoilée (nous avions rencontré l’auteur à la sortie de cet ouvrage)ou de La véritable histoire du Moyen-âge , deux ouvrages parus au Lombard et cosignés avec Philippe Bercovici au dessin.  

Quant au prolifique dessinateur espagnol Vicente Cifuentes, il apporte au récit l’intensité d’un dessin réaliste monochrome en noir et blanc, d’une grande force tant dans les gros plans des visages des protagonistes que dans les « plans larges » évoquant les épisodes les plus marquants et spectaculaires du conflit, depuis ses origines (1921, les lendemains de la « grande guerre ») jusqu’à l’anéantissement de Hiroshima et Nagazaki et au Procès de Nuremberg (1946). L’historien a choisi de découper ce quart de siècle en vingt périodes. Chacune d’entre elles fait l’objet d’une introduction en une page, permettant à l’auteur de tracer les lignes de force spécifiques des événements, mais également la « logique » qui les a fait naître et les raisons de l’émergence des principaux protagonistes. L’auteur met aussi en exergue les coulisses de l’Histoire comme les clauses secrètes du traité de Rappalo entre les Russes et les Allemands qui permettent à l’armée allemande de disposer de camps d’entraînement en Russie. Il ne néglige pas d’indiquer les incertitudes des historiens concernant certaines hypothèses stratégiques comme la date à laquelle les USA ont décidé qu’ils entreraient dans le conflit.

Une des qualités majeures de l’ouvrage est d’éclairer, de chapitre en chapitre, les liens entre les enjeux qui motivent les belligérants et de donner ainsi aux lecteurs une perception idéale et intelligible de ce qui a fait de cette guerre un deuxième conflit mondial. Arnaud de la Croix ne manque pas non plus de souligner les enjeux géostratégiques et économiques figurant dans l’agenda des belligérants mais aussi les conséquences de l’émergence d’un nouvel ordre mondial, dont la pérennité reste à démontrer.

Enfin, soulignons l’actualité de la bibliographie proposée en fin de volume pour « en savoir plus ».

Ce n’est pas la moindre qualité de cet album que de piquer la curiosité du lecteur, de lui donner l’envie de lire ces livres de référence. Gageons aussi qu’il suscitera des vocations d’historien…

Jean Jauniaux, 8 juillet 2024, lendemain du deuxième tour des élections législative en France…