« L’arbre blanc dans la forêt noire »: enfin ré-édité! le premier roman de Gérard Adam est à (re)lire toutes affaires cessantes…

L’arbre blanc dans la forêt noire, roman de Gérard Adam, réédition aux Editions MEO, décembre 2023, 496 p, 28 Euros

Il convient de saluer l’événement éditorial que constitue la réédition du premier roman de Gérard Adam, L’arbre blanc dans la forêt noire. La nouvelle parution nous vient sous la couverture originale – illustrée par Monique Thomassettie -, et accompagnée d’une revue des nombreux et enthousiastes articles de presse qui ont salué la sortie du roman en 1988. Ce sont Pierre Mertens, Jean-Pol Hecq, Anne-Marie La Fère, Marie-Ève Stévenne, Michel Lambert qui furent, parmi d’autres, les premiers à rendre compte de la puissance littéraire de ce nouveau venu dans le petit monde des lettres belges de langue française. L’attribution du prestigieux Prix NTR/AT&T (aujourd’hui disparu) confirma bien vite l’enthousiasme de la presse. « La décision du jury a été unanime : les membres du jury n’avaient jamais rencontré un tel cas d’un auteur que l’on voit accoucher de son talent au fur et à mesure de la lecture », indique le communiqué du jury NCR/AT&T. Pierre Mertens n’en dit pas moins lorsqu’il observe « la qualité d’écriture qui ne vient jamais nuire à l’efficacité du récit,(…). Ce qui nous a convaincu, c’est la conjonction de la sincérité absolue d’un propos, de la charge d’humanité et d’un extraordinaire travail sur l’écriture ».

Cette nouvelle mise à disposition du livre est aussi l’occasion d’en bénéficier accompagné d’une lecture éclairante de Jean-Claude Kambomba Lulamba qui, d’emblée, nous dit l’essentiel « Lorsqu’on émerge des quelque cinq cent pages de ce roman-fleuve consacré à un pays que symbolise le gigantesque fleuve qui l’innerve et le domine, l’impression la plus forte reste celle d’un torrent d’une densité et d’une richesse exceptionnelles, tant en ce qui concerne son contenu que pour ce qui est de sa composition et de sa langue »

En relisant ce roman – que nous avions découvert à sa parution-, nous observons qu’il recèle cette universalité des grands livres, traversant le temps sans prendre une ride. Nourri de cette interrogation incessante que pose la littérature sur la condition humaine, L’arbre blanc dans la forêt noire ne manque pas de réveiller, à l’approche des élections au Congo, la curiosité inquiète que nous inspirent l’actualité politique dans ce pays-continent et la prochaine élection présidentielle le 20 décembre.

Enfin, la lecture de ce livre, le premier d’une bibliographie qui en compte une vingtaine d’autres, nous rappelle combien Gérard Adam est une des grandes figures du paysage littéraire belge. Il y contribue en qualité d’écrivain mais aussi -depuis 2010-, d’éditeur. Il sacrifie ainsi « au service des autres » – pour paraphraser Jacques De Decker évoquant Albert Ayguesparse – le temps qu’il pourrait consacrer à sa propre œuvre.

Jean Jauniaux, le 18 décembre 2023.

Sur le site de l’éditeur MEO

Premier roman de Gérard Adam, publié en 1988, « L’Arbre blanc dans la Forêt noire » s’est vu décerner le prestigieux prix NCR (AT&T). Un jeune médecin belge débarque à Vonzo, agglomération de Kalibie (Afrique centrale), pour y prendre la tête d’un hôpital missionnaire. Il va y découvrir l’Afrique et ses sortilèges par l’intermédiaire de personnages fascinants, Dyana, la jeune religieuse noire, Malu dont il fera sa compagne, Gakuba, le politicien en disgrâce, Binda Pasi, le sculpteur, Lemmie et Sebas, les musiciens errants…

Roman de prise de conscience et de découverte de l’autre. Roman d’aventures aussi, avec la révolte du Bas-Fleuve contre un pouvoir dictatorial reposant sur une corruption institutionnelle. Une révolte à laquelle met fin une intervention des parachutistes français et belges sous des prétextes humanitaires, en fait pour maintenir le régime en place.

Vaste fresque aux multiples résonances, ce roman est une méditation sur un continent accablé de tous les maux mais immensément riche d’avenir, en même temps qu’un plaidoyer pour la découverte et l’acceptation de l’autre.