Une fois n’est pas coutume, « L’ivresse des livres » propose ici le texte de la présentation d’un livre et l’annonce d’une conférence. Les auteurs de cette présentation sont Bruno Duboisdenghien et Daniel Sotiaux, auteurs de la biographie de Gaston Baccus. La conférence aura lieu le 3 décembre 2022, au Palais du gouverneur, Chaussée de Bruxelles, 61,Wavre, de 10 h00 à 12h00. Réservation possible par email : conference.gaston.baccus@gmail.com mais l’entrée est libre . L’occasion nous est donnée ici de signaler que Gaston Baccus fut poète du Brabant Wallon, comme l’a été Maurice Carême dont les Editions du CEP ré-éditent le recueil « Brabant ».
Jean Jauniaux, le 9 novembre 2022.
Bruno Duboisdenghien et Daniel Sotiaux consacrent une biographie à Gaston Baccus dans un livre publié aux éditions de la Fondation Henri La Fontaine. Lors d’une conférence programmée le 3 décembre 2022, (Palais du gouverneur, Chaussée de Bruxelles, 61,Wavre, de 10 h00 à 12h00) ils vont faire vivre les textes, poèmes et correspondances de Gaston Baccus. Des textes seront dits par Jacques Neefs (acteur et professeur au Conservatoire de Bruxelles) et Franz Crabbé (Instituteur honoraire).Il s’agit à la fois des textes en français et en wallon. Quatre poèmes ont retenu leur attention : « Les soldats noirs », « Frater Ave », « J’aime la Terre », et « Brabant wallon ». Pour la première fois depuis leur écriture, ces poèmes sont illustrés en couleur par les aquarelles de Joanna Lumens (une artiste d’Opheylissem)
Quelques mots à propos de Gaston Baccus:
Né dans le petit village brabançon d’Huppaye, fils de cultivateur, Gaston Baccus (1903.-1951) devient enseignant. Il sera écrivain (poète et surtout dramaturge), puis animateur d’éducation populaire, puis militant socialiste. Après-guerre, devenu bourgmestre et député, il déposera la Proposition de Loi visant à instaurer un statut légal de l’objection de conscience en Belgique. Gaston Baccus fut un compagnon de route de Jean Van Lierde.
Mais plus qu’une recherche historique restituant la vie et l’œuvre de celui qui fut très populaire en Brabant wallon, l’ouvrage dresse le portrait d’une région et particulièrement celui du monde agricole.
Wallon de la première heure, le livre restitue des moments importants de l’histoire de Belgique dans lesquels Gaston Baccus a défendu ses convictions.C’est un moment culturel et artistique qui a permet de découvrir ce personnage du Brabant wallon qui à la fois fut l’homme qui défendait le sort des petits et moyens agriculteurs, mais qui fut acteur de la Question royale, s’opposa à certains aspects de Paul-Henri Spaak et qui déposa le premier texte sur l’objection de conscience pour le service militaire. Il fut Député du Brabant wallon dans l’immédiat après-guerre jusqu’à son décès en 1951.
Les conférenciers reviendront sur les grands moments de sa vie, mais évoqueront de nouveaux éléments découverts depuis la parution du livre en décembre 2021. Par ailleurs, d’autres projets culturels sont en cours de réflexion afin de mieux faire connaître l’œuvre littéraire de Gaston Baccus, un des premiers à avoir décliné en poésie le Brabant wallon.
Par ailleurs, d’autres projets culturels sont en cours de réflexion afin de mieux faire connaître l’œuvre littéraire de Gaston Baccus, un des premiers à avoir décliné en poésie le Brabant wallon.
Des déclinaisons des aquarelles ont été créées par l’artiste Joanna Lumens (Jo GRAPH – Création graphique). C’est ainsi que des posters (A3, A4) des cartes postales, des marque-pages sont maintenant en vente ici https://www.facebook.com/Jolumens . Sur les cartes postales et les marque-pages, se trouve un QRCode spécifique qui renvoie vers la vidéo avec le son du poème. Le tout est hébergé sur la chaîne YouTube https://tinyurl.com/GastonBaccus. Ce qui permet de faire une boucle entre le travail artistique de Joanna Lumens et la déclamation de Jacques Neefs, acteur et professeur au Conservatoire de Bruxelles et la vidéo utilisée lors de la conférence.
Le livre et les déclinaisons des aquarelles seront en vente le jour de l’événement. Un verre de l’amitié sera prévu à la fin des échanges.
Les organisateurs
Un extrait du livre:
« Apprenant son décès, Jean Van Lierde écrit dans ses Cahiers[1] :
« DIMANCHE 28 JANVIER 1951
Messe de 8 heures. La Cité m’apprend le décès inopiné de Gaston Baccus, député P.S.B. de Nivelles. C’est un rude coup qui me laisse rêveur. Mon Dieu, quel triste dimanche. J’avais tant de sympathie pour cet homme honnête, un des rares socialistes d’avant-garde et qui osait le dire. Et j’associe à cette mort celle de Maxence Van der Meersch[2]. Pour moi, c’est un double coup au moral. Surtout que le milieu des droits communs reste inaccessible à cette vie de l’esprit.
Ce matin encore, je cherchais parmi tous ces visages un seul qui ait pu s’élever au-dessus des tracasseries du temporel, mais mon regard persistant tombait toujours sur des faces brutes, des fronts étroits, des yeux éteints. En regardant froidement, c’est-à-dire sans le coeur, c’est parfois repoussant, désespérant. Comment éveiller tous ces hommes ?
Gaston Baccus, au plan politique, était pour moi le seul parlementaire qui savait comment se dresser contre les silences et les hostilités des groupes. Le voilà arraché à notre combat. Jean Prolo et la fédération nivelloise décapités et le vieux Charles Gheude, malade aussi. Et, dans pareille situation, il me semble que, si j’étais en liberté, ça marcherait immédiatement avec le P.S.B. brabançon pour l’aider à remonter le courant au secours des jeunes. Je suis près à courir villages et bourgades pour conférencer, diriger ou susciter des cercles d’études, des débats contradictoires, bref empêcher que la masse ne se laisse terrasser par des gémissements. Quel réconfort tu avais apporté à nos amis Jean-Bernard Moreau et José Duguet, ces hors-la-loi échappés de France, quand tu les avais accueillis dans ta petite maison ouvrière d’Huppaye, les gavant de bonnes choses et autorisant qu’ils prennent domicile chez toi ! Quelle magnifique leçon d’humilité, de charité internationaliste, de renoncement aux futilités ! Toujours, je me souviendrai de pareil témoignage, et il est bien normal que j’associe ces deux noms, Van der Meersch et Baccus, l’un romancier populaire souffrant dans sa chair avec les opprimés, l’autre poète sensible partageant la pauvreté avec ses camarades. Je dois me réjouir d’avoir rencontré de telles âmes, rayonnantes d’énergie morale. Leurs corps ont été mangés par le souffle fraternel de leur coeur. L’un s’éteint à 43 ans, l’autre à 48. Et peu avant, c’était le grand Mounier qui disparaissait à 45 ans. Ces trois croix, je les plante sur notre route pour qu’elles nous aident à franchir les barrages de l’existence. Elles purifieront notre engagement révolutionnaire, et ce serait trahir que d’interrompre la communion qui nous lie aux peuples exploités de la terre ».
Le combat pour un statut légal de l’objection de conscience durera encore 14 ans (vote à l’unanimité de la Loi fixant le statut des objecteurs de conscience le 6 mai 1964. Pierre Vermeylen était ministre de la Justice et met cette loi immédiatement en application en amnistiant les objecteurs condamnés) !
[1] Jean Van Lierde, in Septième cahier du 26 janvier au 24 février 1951, Archive du Monde catholique.
[2] Maxence Vandermeersch dit Maxence Van der Meersch, né à Roubaix, le 4 mai 1907 et mort au Touquet le 14 janvier 1951 —quelques jours avant Gaston Baccus donc— est un avocat et écrivain français, dont l’œuvre principale est L’Empreinte du dieu, prix Goncourt en 1936. Son œuvre, empreinte d’humanisme est essentiellement tournée vers la description des gens modestes du Nord.
Sur le site des Editions de la Fondation Henri La Fontaine:
Né dans le petit village brabançon d’Huppaye, la destinée de Gaston Baccus aurait pu être celle de tous les fils de paysan, succéder au père et poursuivre, vaille que vaille, l’exploitation familiale.
Il n’en sera rien. Très vite, il s’engage. D’abord comme écrivain (poète et surtout dramaturge), puis en tant qu’animateur d’éducation populaire (conférences, émissions radiophoniques) puis comme militant socialiste. Après guerre, en 1945, devenu député, il dépose la Proposition de Loi qui instaure le statut légal de l’objection de conscience en Belgique.
Plus qu’une biographie sur une personnalité wallonne importante, l’ouvrage restitue des moments importants de l’histoire de Belgique.
L’auteur :
Bruno Duboisdenghien est titulaire d’une licence en science politique et relations internationales de l’ULB, fonctionnaire de la province du Brabant wallon, il est une personnalité engagée étant tour à tour attaché de cabinet, mandataire communal et actif dans des collectifs citoyens. Passionné d’histoire, il s’est intéressé à plusieurs personnalités du Brabant wallon.
Pour recevoir cet ouvrage : merci d’envoyer un e-mail contenant vos coordonnées et le titre de l’ouvrage à l’adresse president@henrilafontaine.be et de verser la somme de 16 euros + 3 euros de frais d’envoi sur le compte de la Fondation Henri La Fontaine : IBAN BE 68 1262 0396 8034