« J’ai un très grand respect du théâtre. Je trouve que c’est une des activités humaines les plus nobles. Je crois que les acteurs sont des êtres merveilleux…je connais peu d’exemples du contraire…(…) » (Jacques De Decker, mai 2008.)
Après « Suzanne à la pomme » réédité chez Maelström, on ne peut que saluer cette nouvelle parution d’une part importante de l’oeuvre de Jacques De Decker: le théâtre. L’édition établie et (remarquablement) présentée par le dramaturge, écrivain et académicien Paul Emond, réunit l’ensemble des pièces originales de celui qui fut aussi un adaptateur prolifique d’oeuvres dramatiques du répertoire contemporain et classique.
L’ouvrage est complété par la Communication que Jacques De decker avait donnée à la Chaire de Poétique de l’UCL en 2003, intitulée Comment j’ai écrit certaines de mes pièces. Une bibliographie des oeuvres de Jacques De Decker complète cette édition. Dans cette bibliographie figure mention de La faculté des lettres, une monographie que Jean Jauniaux avait consacrée, en 2010, à l’oeuvre romanesque de Jacques De Decker.
Nous avons profité de la mention de cette monographie, que nous espérons republier bientôt, pour donner à entendre un des entretiens qui avait servi de source à la rédaction de cette monographie. Jacques De Decker y évoque Bruxelles, l’enseignement (à l’Ecole d’Interprètes internationaux de Mons, à l’INSAS, au Conservatoire de Bruxelles), ses débuts au théâtre (création de Molly Bloom notamment), ce que représente pour lui l’écriture théâtrale indissociable de la mise en scène, des projets qui n’aboutiront plus hélas comme un essai sur l’adaptation théâtrale qu’il voulait intituler Théâtre et transformation et dont il avait le synopsis, et bien sûr, la Belgique.
Au détour d’une évocation de ses débuts, il dira ce commentaire que nous publions en exergue de cet article : J’ai un très grand respect du théâtre. Je trouve que c’est une des activités humaines les plus nobles et je crois que les acteurs sont des êtres merveilleux. je connais peu d’exemples du contraire.
En décembre 2020, nous avons interviewé le maître d’oeuvre de cette édition, Paul Emond. Auteur de théâtre lui-même, il éclaire l’ouvrage d’une introduction érudite et passionnante dans laquelle il analyse la singularité d’une oeuvre dont l’apparente simplicité formelle (elle est composée de comédies « classiques »), ne doit pas cacher l’enjeu central qu’elle se donne d’élucider: la complexité de la nature humaine. Ces cinq pièces n’ont rien perdu de leur intemporalité, malgré un ancrage délibéré dans les questionnements contemporains à leur écriture. Pour s’en convaincre davantage encore, ne conviendrait-il pas de les mettre en scène pour qu’elles retrouvent leur destination essentielle: la scène. Jacques De Decker ne nous confiait-il pas : « Une pièce n’est vraiment achevée que lorsqu’elle est jouée. » ?
Il y a certainement dans l’espace théâtral francophone, l’un ou l’autre théâtre qui pourrait programmer ces oeuvres et les rendre à nouveau accessibles au public. C’est en tous cas le voeu que nous formulons en cette fin d’année 2020, marquée par le décès de celui qui disait au micro d’Espace-livres, en 2008, au moment où il écrivait la biographie de Wagner: Si , selon le philosophe, « vivre c’est apprendre à mourir », créer, c’est plutôt augmenter l’univers, c’est apporter quelque chose à la réalité, c’est rivaliser avec la création. Le créateur crée à partir de rien, au départ d’une idée »
Ci-dessus, vous trouverez l’ interview que Paul Emond nous a accordée en décembre 2020.
Ce dernier avait consacré au théâtre de Jacques De Decker , le 12 décembre 2020, une communication à l’Académie dont le PDF est accessible ICI, ainsi qu’une version en video sur youtube.
Edmond Morrel , le 28 décembre 2020.
Sur le site de l’Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique
« J’écris des tranches de vie, des pièces policières, des vaudevilles, des one-man-shows, ce que je préfère nommer – restons français – des comédies solo, toutes formes réputées désuètes, carrément ringardes et que je revendique avec une insolence qui indigne les beaux esprits qui me prennent pour un tire-au-flanc, un traître à la cause. Or, il n’y a aucune agressivité dans ma stratégie; elle est tout simplement régie par le plaisir, ou par un certain goût du camouflage. Mes pièces sont moins naïves qu’elles ne le paraissent, plus savantes qu’elles ne se donnent. J’aime tendre au spectateur attentif, au lecteur réellement pénétrant, des perches qui lui sont réservées, des images dans le tapis, des “ bêtes dans la jungle”… » JDD
Au micro d' »Espace-Livres », Jacques De Decker avait également consacré une des ses « Marges et contre-marges », au théâtre à Bruxelles sous le titre Bruxelles, la deuxième ville théâtrale francophone au monde! Pour ré-écouter cette évocation, il suffit de cliquer sur cette page de « L’ivresse des livres » .