« Comme une ombre », un roman à la mémoire d’un frère
En quatrième de couverture, le romancier dit d’une certaine manière l’énigme même de l’écriture romanesque : « Il y a des histoires qui veulent être racontées. J’écris celle de mon frère comme en un miroir. Mais on ne sépare pas d’un miroir l’image qui s’y reflète. »
Dans le roman qu’il nous donne, bouleversant et profond, l’écrivain entrelace deux points de vue narratif, les confond, les confronte, comme s’il fallait ces deux histoires en miroir l’une de l’autre pour arriver à la vérité de la mémoire. Il part à la recherche de ce qu’a été un frère, mort depuis vingt ans. Il part à la recherche de ce qui l’a construit si différent, malgré la fratrie. Peut-être le fossé des âges est-il plus profond que ces huit années qui séparent leurs naissances respectives ? Peut-être les événements de l’Histoire ont-elles détruit l’un et fait de l’autre un « survivant », c’est à dire, un « impardonnable » ?
Un portrait étourdissant de l’histoire de la seconde moitié du siècle dernier, avec en écho au quotidien, la guerre d’Algérie dans ce qu’elle eut de foudroyant pour une génération.
A placer face à face deux miroirs, ne crée-t-on pas l’abyme ?
C’est cela aussi le roman. L’indispensable roman.
Edmond Morrel