« L’assassinat d’Yvon Toussaint », couronné par l’Académie Royale de Langue et Littérature de Belgique, nous donne l’occasion de revenir sur ce très grand roman.
Le récent roman de Toussaint a été couronné par l’Académie Royale de Langue et de Littérature de Belgique. Le Grand Prix de la francophonie qui lui a été octroyé, nous donne l’occasion de revenir sur ce roman et de rencontrer son auteur qui se révèle aussi un excellent lecteur.
Avec le romancier, qui est aussi journaliste et grand reporter, nous abordons les énigmes de la création romanesque, les frontières mouvantes entre réalité et fiction, la personnalité intriguante de son homonyme, médecin haïtien et homme politique assassiné et aussi, surtout, ce pays dont un tremblement de terre rappela dans la tragique actualité : Haïti.
Sans doute pensera-t-on après avoir lu ses romans, et écouté ses propos que de tout temps Yvon Toussaint journaliste a d’abord et avant tout été un romancier. Il en fait avec son « assassinat » une éclatante démonstration.
Edmond Morrel
L’auteur nous lit quelques extraits de son livre, au terme de l’entretien qu’il nous a accordé. Il nous avait donné rendez-vous « chez lui », c’est à dire dans la Librairie Chapitre XII à Bruxelles, haut lieu littéraire de la capitale de l’Europe où Monique Toussaint, son épouse, reçoit écrivains et artistes.
Yvon Toussaint lit les extraits de son roman : pages 58, 221, 281, 311 et 323 de l’édition originale Fayard, 2010. Ces extraits racontent une traversée de Port-au-Prince, une vision déconcertante de Haïti par un des personnages du roman, « le grand acteur », une description du vaudou par un des protagonistes du livre et, enfin, par le narrateur, une tentative de définir le roman… L’illustration sonore est celle du grondement d’un tremblement de terre.
Grand Prix de la Francophonie Nessim Habif
Le Prix qui a été octroyé à « L’assassinat d’Yvon Toussaint » est le Grand Prix de la Francophonie Nessim Habif. Le jury était composé de Gérard de Cortanze, Jacques De Decker, Lydia Flem, Pierre Mertens et Hubert Nyssen.
Sur le site de l’Académie Royale de Langue et Littérature de Belgique on peut lire des extraits de l’argumentaire du jury :
« Le roman d’Yvon Toussaint n’avait pas besoin de ce prix pour accéder à plus de notoriété. C’est l’un des livres qui a fait le plus parler de lui au cours de cette année. C’est plutôt le prix Nessim Habif qui s’enorgueillit d’inscrire l’un de nos écrivains les plus originaux et les plus talentueux à son palmarès. Ce prix biennal, s’est voulu, dès sa création, solidement inscrit dans la francophonie. Or, en traitant du tragique destin d’un homme politique haïtien, approché au départ pour cause d’homonymie par un auteur et journaliste belge, le livre primé s’imposait d’évidence au palmarès de cette distinction.
Nombreux ont été ceux qui ont d’emblée salué les mérites de ce roman hors du commun. Le Soir en a dit qu’il « pourrait bien être né d’un envoûtement. Le Toussaint mort a saisi le Toussaint vif. » Le Figaro, sous la plume d’Emmanuel Carrère, qu’il s’agit de « quelque chose qui pourrait rester dans l’histoire littéraire comme un cas d’école ». Robert Solé, dans Le Monde, a écrit de l’auteur qu’il est « un observateur redoutable ». On a même lu dans Le Point que « c’est un des projets les plus fous de ces dernières années ». Fou peut-être, mais plus que maîtrisé. Le projet de Toussaint, qui rompt avec toute démarche autobiographique traditionnelle, était en effet séduisant dans sa proposition, mais en aurait découragé plus d’un. La réussite indéniable de l’ouvrage est d’avoir été à la hauteur de son défi, tout en s’inscrivant dans la perspective prémonitoire d’une catastrophe naturelle qu’il avait, à bien de ses pages, étonnamment anticipé. »